Quatre ans après la crise migratoire de 2015 et la vague d’attentats qui a frappé l’Europe, la question des frontières est à la fois présente et clivante. Les frontières intérieures intéressent surtout la droite et l’extrême droite. Les Républicains, qui en font le premier chapitre de leur programme, proposent de « pérenniser le rétablissement des contrôles aux frontières intérieures, tant que les frontières extérieures ne nous protègent pas efficacement des flux migratoires incontrôlés ». Le Rassemblement national et Debout la France prônent leur rétablissement définitif, donc la fin des accords de Schengen.
Pour les frontières extérieures, la plupart des candidats plaident pour leur renforcement au nom de la sécurité des Européens, à l’exception de Manon Aubry et de Yannick Jadot, dont le parti estime que « la question des migrations doit être dissociée de celle de la sécurité ».
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Souhaitant « faire respecter nos valeurs et nos frontières », La République en Marche propose notamment le renforcement des effectifs et des missions de Frontex pour « contrôler les flux migratoires de manière plus efficace ».
Un large spectre de propositions
En la matière, le spectre des propositions est large. Nicolas Dupont-Aignan prône la fin de toute politique migratoire européenne au profit du « contrôle exclusif » des États. Manon Aubry insiste sur la nécessité de garantir des migrations sûres, légales et ordonnées et souhaite « arrêter la guerre aux migrants », tandis que Raphaël Glucksmann déplore que « nos mers [soient] transformées en cimetières ». Pour LREM, Nathalie Loiseau propose l’élaboration d’une réelle « politique européenne de l’asile » qui se traduirait par la création d’un « office européen » capable d’« harmoniser les critères et coordonner les agences nationales ».À lire aussiINFOGRAPHIE – Élections européennes, comparez les programmes
En pratique, la candidate plaide pour la création de « centres d’examen des demandes d’asile dans les pays européens exposés », alors que l’externalisation des demandes d’asile fait débat : Manon Aubry et Raphaël Glucksmann veulent y mettre fin, alors que François-Xavier Bellamy souhaite des « centres internationaux d’étude de l’asile, situés notamment sur la rive sud de la Méditerranée ou au Proche-Orient ».
La plupart des candidats en appellent à la « solidarité » européenne pour la répartition des migrants au sein de l’UE – « chaque État devra participer à l’effort commun », indique Nathalie Loiseau –, tandis que Yannick Jadot et Raphaël Glucksmann souhaitent même mettre fin aux accords de Dublin, qui fait reposer une lourde charge sur le premier pays d’arrivée. Tous les candidats proposent enfin de renforcer, à des degrés divers et parfois sous conditions, l’aide au développement.
La défense divise
En matière de défense, les propositions sont plus hétéroclites. Postulant que « la paix n’est plus un acquis », en raison notamment de la multiplication des opérations armées par la Russie, LREM entend « avancer vers l’armée européenne » et une « capacité d’intervention commune ». À l’opposé, LFI « refuse l’Europe de la défense » et souhaite « relancer les négociations (…) pour le renouvellement du partenariat stratégique avec la Russie ».
LR plaide, de son côté, pour une Europe « puissante grâce à sa défense » : François-Xavier Bellamy propose d’« instaurer un État-major permanent de planification et de conduite des opérations » et de sortir les dépenses militaires des critères de convergence budgétaire.À lire aussiVIDEO – Élections européennes : l’immigration, principale préoccupation des Européens ?
Pour Place Publique, Raphaël Glucksmann met davantage l’accent sur les questions diplomatiques : il se prononce pour « un soutien clair à l’obtention d’un siège de membre permanent pour l’Allemagne, en plus du siège de la France » et pour le « développement d’une pensée diplomatique » commune. Son programme, en revanche, est le seul qui ne contient pas le mot terrorisme, que la droite et l’extrême droite qualifient plus précisément d’islamiste, en y voyant une menace « civilisationnelle ».
Sources : la-croix.com