Quelques 200 demandeurs d’asile ont été testés positifs au coronavirus en Grèce continentale. Les autorités grecques assurent qu’aucun cas n’a été détecté dans les camps de migrants des îles de la mer Egée. Mais les ONG tirent la sonnette d’alarme.
En tout, ce sont près de 200 demandeurs d’asile qui ont été testés positifs au Covid-19 dans des installations en Grèce continentale. Les camps de Malakasa et de Ritsona ont été placés en quarantaine début avril après que des cas de coronavirus y ont été détectés.
Le 21 avril, les autorités grecques ont également mis en quarantaine pour deux semaines le village de Kranidi, à 166 kilomètres au sud-ouest d’Athènes, après que 148 des 470 migrants hébergés dans un hôtel proche ont été testés positifs au nouveau coronavirus.
Les tests dans cet hôtel ont été effectués après un résultat positif au Covid-19 d’une migrante somalienne de 28 ans, enceinte et qui avait été testée dans le cadre des examens de grossesse. Deux employés de cet hôtel ont également été testés positifs.
Inquiétude des ONG
Mais si la situation semble sous contrôle sur le continent, dans les camps de migrants surpeuplés des îles de la mer Egée, les risques de contagion sont immenses.
Les autorités grecques affirment qu’aucun cas de coronavirus n’y a été détecté bien qu’aucun test de dépistage n’ait été réalisé. Les ONG se disent très inquiètes. « Toutes les conditions sont réunies pour qu’une contagion engendre un drame humain si le virus y arrive », a confié Apostolos Veizis, directeur de Médecins sans frontières en Grèce, au quotidien suisse Le Temps.
Le 22 avril, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a, de son côté, appelé le gouvernement grec à « prendre immédiatement des mesures » de « décongestion » des camps de migrants surpeuplés sur les îles en mer Egée « afin d’éviter une crise de santé publique ».
« Alors que le gouvernement grec oeuvre pour arrêter la propagation du virus, les images des conditions sordides dans les camps d’accueil et d’enregistrement à Lesbos, Chios, Samos, Kos et Leros montrent que les critères minimum de protection contre le Covid-19 ne sont pas respectés », a déploré Belkis Wille, chercheuse sur les crises et conflits à HRW, citée dans un communiqué.
Elle souligne que « dans ces conditions se laver les mains ou appliquer la distanciation sociale sont impossibles ».
« Crise de santé publique «
Début avril, un incendie s’était déclaré dans le camp de Chios au cours d’une rixe entre migrants après la mort d’une Irakienne de 47 ans. Selon certains demandeurs d’asile, la mort de cette réfugiée était due au nouveau coronavirus mais les autorités ne l’ont pas confirmé.
Environ 35 000 migrants et demandeurs d’asile vivent dans ces camps sordides, six fois plus que leur capacité, selon l’ONG américaine qui a interviewé la semaine dernière par téléphone onze demandeurs d’asile dont des Afghans, Palestiniens, Somaliens et Syriens et neuf employés travaillant dans ces structures.
HRW appelle les autorités grecques à « identifier rapidement » les personnes vulnérables dans les camps surtout « les gens âgés, ceux qui souffrent de maladies chroniques ou d’autres groupes en danger comme les enfants non accompagnés, les handicapés et les femmes enceintes » et à « prendre des mesures pour les protéger du Covid-19 pour éviter une crise de santé publique ».
Le 22 avril, des centaines de demandeurs d’asile africains ont organisé un sit-in de protestation, occupant l’entrée du camp de Moria sur l’île de Lesbos, le plus grand camp en Europe surnommé « la jungle ».
« Nous sommes exposés au coronavirus », « Justice pour tout le monde », scandaient les manifestants réclamant leur départ de l’île pour éviter la propagation du virus dans ce camp qui « équivaudrait à la mort », selon eux.
Sources : https://www.infomigrants.net/