Les centaines de migrants retenus au port d’Arguineguin, sur l’île espagnole de Grande Canarie, ont été transférés dimanche vers des hôtels et un campement militaire. Depuis cet été, des milliers de migrants ont été retenus dans des conditions précaires au port surnommé le « camp de la honte ».
Lundi matin, une vingtaine de soldats s’affairaient au port d’Arguineguin, au sud de Grande Canarie, pour démonter les tentes de la Croix-Rouge et désinfecter la zone. Le site a été vidé dimanche soir de ses derniers occupants.
Depuis cet été, des milliers de migrants ont été maintenus au port d’Arguineguin dans des « conditions inhumaines », selon les mots de la maire de la commune Onalia Bueno, interrogée par InfoMigrants mi-novembre. La jetée, surnommée « le camp de la honte », était encore occupée samedi par quelque 600 personnes.
>> À (re)lire : Canaries : tensions autour de l’hébergement des migrants dans des hôtels
Duran toute la journée de dimanche, des bus ont transféré les migrants dans des hôtels ou vers le nouveau camp militaire installé à la hâte à Barranco Seco, à quelques kilomètres de la capitale de l’île, Las Palmas.
Le quai d’Arguineguin était devenu le symbole de la mauvaise gestion des arrivées de migrants par les autorités espagnoles.
Violations des droits des migrants
Ce camp avait été monté à la hâte cet été pour faire face aux arrivées massives que connaissent cette année les Canaries – archipel espagnol de l’océan Atlantique, en face des côtes marocaines. Initialement prévu pour prendre en charge 400 personnes afin de prodiguer les premiers soins et l’identification des nouveaux arrivants, il n’avait cessé de grossir.
Le lieu avait reçu une pluie de critiques des associations et du Défenseur des droits espagnol qui considérait que les droits fondamentaux des migrants retenus au port n’étaient pas respectés.
>> À (re)lire : Reportage : les Canaries, une prison pour les migrants qui rêvent du continent européen
Les potentiels demandeurs d’asile n’avaient pas accès à des conseils juridiques et certaines personnes ont été détenues des semaines, en violation des lois espagnoles qui limitent à 72 heures la détention d’un migrant afin de procéder à son identification.
Les conditions de vie des migrants du port étaient également pointées du doigt : les exilés dormaient à même le sol, avec seulement une couverture et aucune affaire de rechange. Les douches, peu nombreuses, ne leur permettaient pas de se laver quotidiennement, en pleine crise sanitaire.
Depuis le début de l’année, plus de 18 000 migrants ont débarqué aux Canaries, contre un peu moins de 3 000 pour toute l’année 2019. Selon l’Organisation internationale des migrations, environ 500 personnes sont mortes en mer en tentant de rejoindre l’archipel sur des embarcations de fortune.
Sources : https://www.infomigrants.net/