Un retenu en grève de la faim est décédé mercredi au centre fermé de Merksplas, l’équivalent belge d’un centre de rétention. L’homme, un Géorgien, était dubliné en France, où il avait des liens familiaux. De l’avis de certaines personnes enfermées dans ce lieu et d’associatifs, ce drame est révélateur d’un quotidien difficile et d’un manque d’accès aux soins.
Un Géorgien enfermé au centre de Merksplas, en région flamande dans la province d’Anvers, est décédé mercredi 15 février. L’homme, âgé de 40 ans et arrivé au centre une vingtaine de jours auparavant, menait une grève de la faim.
Il se trouvait « à l’isolement médical. En grève de la faim depuis plusieurs jours, il avait été placé en chambre individuelle et un médecin venait le voir tous les jours », expose Jérémy*, membre du collectif Getting the Voice Out, qui est en lien avec les retenus de différents centres fermés en Belgique. Grâce aux témoignages des co-retenus, le collectif tente d’enquêter sur ce qu’il s’est passé et d’en savoir plus sur le profil de l’homme.
Le parquet a ouvert une enquête dans la foulée du décès. Il a conclu, ce vendredi 17 février, à « un décès de mort naturelle », affirme Dominique Ernould, porte-parole de l’Office des étrangers, jointe par InfoMigrants. « Le parquet a décidé que le corps pouvait être rendu à la famille. »
« La personne décédée a été vue une demi-heure avant son décès par un membre du staff médical. Rien ne permettait de penser que son état de santé se dégradait, ni d’établir, encore maintenant, un lien de cause à effet entre la grève de la faim et son décès. Les paramètres étaient tous normaux », soutient encore Dominique Ernould.
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De son côté, Jérémy a reçu un témoignage d’un co-retenu selon lequel le « médecin refusait de lui fournir une assistance médicale tant qu’il ne se remettait pas à manger ». Pour l’heure, difficile de croiser les informations émanant du centre. « On essaie de mobiliser d’autres leviers, d’avoir accès au dossier médical. »
Dubliné en France
D’après les informations du collectif Getting the Voice Out, l’homme était père de trois enfants séjournant en France, où vit également sa compagne. « Sa femme lui rendait visite au centre », souligne Jérémy. « Je suppose que son épouse avait un titre de séjour légal en France », confirme Dominique Ernould.
D’après l’Office des étrangers, l’homme était dubliné en France. L’administration belge souhaitait donc l’y transférer, la France étant le pays responsable de sa demande d’asile. « Sa demande de transfert devait être traitée par la France. Mais la France a refusé de le reprendre. D’où sa grève de la faim », affirme Dominique Ernould.
« C’est toujours très triste de devoir acter un décès dans un centre fermé. Cela reste des accidents dramatiques que l’on essaie d’éviter au maximum », insiste la porte-parole.
« On a des droits, quand même«
Au maximum ? Le collectif Getting the Voice Out recueille régulièrement des témoignages de retenus affirmant, à l’inverse, manquer de soins.
Joint par téléphone depuis le centre de Merksplas, Ali* déroule une liste d’exemples constatés autour de lui. Il cite « un monsieur qui avait une infection au pied », mais que les autorités du centre « n’ont pas voulu l’amener à l’hôpital », un autre qui « avait très mal aux dents et n’a pas pu voir de dentiste ». Ou encore, un jeune Algérien de 22 ans qui « a tenté de se suicider ». « Ils l’ont ramené dans une autre chambre avec une caméra pour l’observer », continue Ali.
Selon lui, l’assistance psychologique est insuffisante, et le dialogue avec l’équipe médicale, compliqué. « Ce ne sont pas des médecins, ce sont des vétérinaires. On dirait qu’ils nous parlent comme à des animaux, même si certains parlent plus calmement », dénonce-t-il.
Sources :www.infomigrants.net