L’Open Arms a porté assistance à quelque 300 migrants en Méditerranée centrale lors de six opérations de sauvetage survenues dans la seule journée de jeudi. Le navire humanitaire de l’ONG espagnole éponyme fait désormais route vers Brindisi, au sud de l’Italie. L’équipage estime qu’il faudra « trois jours de navigation supplémentaires » pour atteindre le port.
La journée de jeudi 6 juillet a été particulièrement chargée pour les humanitaires de l’Open Arms. Le navire de l’ONG espagnole éponyme a enchainé les sauvetages en Méditerranée centrale, au large de la Libye.
Au total, environ 300 migrants ont été secourus lors de six opérations. Parmi les rescapés se trouvent « de nombreux mineurs non accompagnés, des femmes, dont certaines enceintes et un enfant de cinq ans », indique l’ONG sur sa page Twitter.
Des embarcations fragiles
La première opération s’est déroulée dans la matinée. Une centaine de personnes à bord d’une embarcation en bois ont été prises en charge par l’équipage. La plupart des rescapés sont originaires d’Érythrée, du Soudan, d’Éthiopie et de Syrie. Ils avaient quitté la Libye trois jours plus tôt, selon Oscar Camps, fondateur d’Open Arms.
En fin de matinée, ce sont 17 exilés qui ont été secourus par le navire humanitaire. Le canot était « si précaire qu’il n’aurait pas pu résister à des vagues de 60 cm », signale encore Oscar Camps. « Si l’état de la mer s’était dégradé, il aurait fait naufrage en quelques minutes », continue le militant.
Quelques heures plus tard, dans l’après-midi, « deux autres bateaux à la dérive », avec environ 80 exilés à bord, ont été localisés. Enfin, dans la soirée, deux autres opérations ont eu lieu, en collaboration avec les garde-côtes italiens. L’ONG n’a pas donné plus de détails sur le nombre de personnes à bord de ces deux derniers canots ni de leur l’état.
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Après « une journée difficile », selon les mots d’Open Arms, les autorités italiennes ont attribué le port de Brindisi, dans le sud de l’Italie, au navire humanitaire. « Trois jours de navigation supplémentaires » seront nécessaires pour rejoindre la terre ferme, assure l’ONG.
Plusieurs sauvetages opérés, malgré la loi italienne qui restreint les activités des ONG
En théorie, les ONG ne peuvent plus effectuer plusieurs sauvetages en Méditerranée. Depuis janvier, une loi italienne exhorte les navires humanitaires à rentrer immédiatement au port assigné par les autorités après un sauvetage. Ils n’ont plus le droit de sillonner la SAR zone (zone de recherche et de sauvetage) à la recherche de migrants en détresse.
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Mais depuis quelques jours, trois bateaux ont pu assister plusieurs canots en difficulté, sous les ordres du MRCC italien (centre de coordination des sauvetages en mer).
C’est donc le cas de l’Open Arms jeudi, mais aussi du Géo Barents. Le navire de Médecins sans frontières (MSF) a mené quatre opérations en mer, sous la coordination des garde-côtes italiens, entre le 3 et 4 juillet. Le Humanity 1, de l’ONG SOS Humanity, a lui aussi pu effectuer six sauvetages, le 30 juin et le 1er juillet.
Les deux bateaux, avec environ 400 naufragés à bord, ont débarqué les 5 et 6 juillet dans un port italien, situé à des centaines de kilomètres du lieu des sauvetages. À la date du 7 juillet, seul l’Ocean Viking de SOS Méditerranée navigue au large des côtes libyennes.
La Méditerranée centrale reste la route migratoire la plus dangereuse du monde. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 1 728 personnes ont perdu la vie dans ces eaux en essayant de rejoindre l’Europe depuis janvier, un record depuis 2017. Sur l’ensemble de l’année 2022, l’ONU a comptabilisé 1 417 morts.
Sources : https://www.infomigrants.net/