Espagne : près de 200 migrants débarquent sur l’îlot d’Alboran, en deux jours
Près de 200 exilés ont accosté, samedi et dimanche, sur l’île espagnole d’Alboran, en pleine mer Méditerranée. Quatre mineurs et deux adultes, dont une femme, ont été transférés par hélicoptère à Almeria lors d’une opération très tendue. Les militaires chargés de l’encadrement de l’évacuation ont tiré des coups de feu en l’air, après qu’un migrant a sorti un revolver.
Situation complexe à Alboran. Le week-end dernier, samedi 24 et dimanche 25 février, près de 200 personnes ont débarqué sur cet îlot espagnol inhabité au large d’Almeria, où est installée une unité de la Marine.
Rapidement après les arrivées d’exilés en petits bateaux à moteur, plusieurs transferts ont été opérés en hélicoptères. Dimanche après-midi, les secours ont emmené une femme et quatre mineurs vers l’hôpital universitaire de Torrecárdenas, à Almeria, indique l’agence de presse espagnole EFE. Quelques heures plus tôt, dans la matinée, un homme qui présentait de forts symptômes d’hypothermie a également été évacué. À son arrivée sur la péninsule ibérique, l’homme était « conscient et stabilisé ». Il a ensuite été transféré en ambulance à l’hôpital.
L’opération d’évacuation sur l’île s’est déroulée dans un contexte très tendu : selon le Cipimd, une ONG espagnole qui vient en aide aux migrants, « les militaires ont dû tirer plusieurs coups de feu en l’air » après qu’un exilé a sorti une arme à feu. Ce dernier a ensuite été arrêté.

Lundi, un autre transfert, programmé lui par voie maritime, a été annulé en raison des intempéries. La zone est actuellement en alerte orange et jaune, à cause des vents forts soufflant à 75 km/heure. Et d’après les sauveteurs espagnols, les vagues en Méditerranée pourraient atteindre 7,5 mètres ce mercredi.
Environ 150 personnes patientent donc encore sur l’îlot, dehors, et seront évacuées vers le port d’Almeria « dès que l’état de la mer le permettra ». Des agents de la Marine sont chargés de la surveillance des exilés, dont la nationalité n’est pas précisée.
Un cimetière, un port et 21 habitants
L’île d’Alboran se trouve à 88km au sud d’Almeria, et à 56km de Nador, au Maroc. Sur ce territoire de 700 m² en pleine mer Méditerranée subsistent, en plus de 21 militaires, un phare, un héliport, un petit cimetière et un port. Il arrive que des embarcations de migrants qui cherchent à gagner l’Espagne y accostent. Le 14 février, 89 exilés arrivés sur l’îlot trois jours avant ont été évacués vers le port d’Almeria.
Mais cette route reste confidentielle au regard des autres voies qui mènent à l’Espagne, via les Canaries, les Baléares, ou l’Andalousie.
En 2023, 55 618 personnes ont débarqué en Espagne, contre un peu plus de 28 000 en 2022, d’après le ministère de l’Intérieur. La majorité d’entre elles, 39 910, ont emprunté la route des Canaries, dans l’océan Atlantique, et plus de 15 000 sont arrivées aux Baléares et dans le sud de la péninsule ibérique.

Ces dernières semaines, de nombreux migrants ont également atteint l’Espagne par l’enclave de Ceuta, dans le nord du Maroc. Entre dimanche 25 et mardi 27 février, 60 exilés sont arrivés sur la plage de Benzu après une dangereuse traversée à la nage. Des vidéos de la presse espagnole montrent les exilés, dont certains portent des palmes, affronter le courant et les vagues qui les poussent malgré eux contre les rochers. L’un d’eux s’y réfugie et s’effondre sur le dos, visiblement épuisé. Des scènes similaires avaient été observées une semaine plus tôt, alors que 57 mineurs avaient atteint Ceuta par la mer.
Malgré la courte distance qui sépare les côtes marocaines de l’Espagne à cet endroit, la zone reste très dangereuse. Début février, Baker, 17 ans, s’y est noyé. Originaire d’Ahrik, dans le nord du royaume, cet adolescent passionné de cyclisme a tenté à plusieurs reprises d’atteindre Ceuta à la nage, raconte El Faro de Ceuta. Lors de sa dernière tentative, son cousin, Amin, l’accompagnait. Mais à cause du mauvais temps, ce dernier a fini par rebrousser chemin.
Le corps de Baker, lui, a été retrouvé quelques jours plus tard à Marina Smir, à une vingtaine de kilomètres au sud de Ceuta.
Sources : infomigrants.net

