Une brigade nautique patrouille depuis quelques jours le littoral de la Somme, dans le nord de la France. Elle vient s’ajouter au déploiement sécuritaire mis en place cette année par les autorités pour contrer les départs de migrants, de plus en plus nombreux à cet endroit.
Le littoral picard davantage surveillé. Depuis le 1er septembre, une nouvelle brigade nautique composée d’une dizaine de personnes patrouille au large à la recherche d’embarcations de migrants en détresse. Cette équipe s’ajoute à un effectif sécuritaire déjà dense : trois pelotons de gendarmerie sont déployés sur les côtes samariennes depuis le 1er avril, appuyés par des drones, des hélicoptères et un avion Frontex.
Les tentatives de départ depuis les côtes picardes sont régulières. Le week-end du 21 et 22 septembre, une vingtaine de migrants ont tenté de prendre la mer depuis les localités de Saint-Valery-sur-Somme et Cayeux-sur-Mer, et ont finalement été interceptés par les forces de l’ordre, indique France3 Hauts-de-France. D’après la préfecture maritime, entre le 1er janvier et le 20 septembre, 406 migrants ont été empêchés de traverser la Manche, et 521 ont finalement atteint l’Angleterre, contre 109 en 2023.
« Depuis le début de l’année 2024, la Somme est confrontée à des tentatives de départ exceptionnelles […] Pour la première fois, l’ensemble du littoral est concerné, avec des tentatives de départs allant d’Ault à Fort-Mahon-plage », confirme la préfecture de la Somme à France3.
« On va dans la mauvaise direction »
Depuis deux ans environ, les départs de canots pour le Royaume-Uni ne se produisent plus uniquement sur les côtes du Pas-de-Calais, point de départ « historique » des traversées de la Manche. La militarisation de la frontière à cet endroit – déploiement policiers, drones, caméras thermiques, avions Frontex – a poussé les passeurs à envisager d’autres endroits pour mettre à l’eau les embarcations, dans des canaux de la région mais aussi à des dizaines de kilomètres plus au sud, dans la Somme donc.
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En réponse, les autorités du département ont multiplié, là aussi, les mesures de surveillance policière. « L’objectif est clair : contrecarrer l’action des passeurs qui exploitent la détresse des migrants et sauvegarder des vies humaines », affirme le préfet de la Somme Rollon Mouchel-Blaisot.
Pour les associations en revanche, le déploiement des forces de l’ordre dans la région n’est pas une solution. « On va complètement dans la mauvaise direction, estime Axel Gaudinat, coordinateur d’Utopia 56 à Calais. Ce qui se passe en Picardie, c’est ce qui se passe dans le Calaisis depuis 30 ans. On militarise la côte, on met en place des moyens policiers énormes, des technologies de pointe, des drones, des avions, des barbelés, des murs… Tout ce que ça a créé, ce sont des départs plus loin. Donc le risque augmente puisque la distance augmente », expose-t-il à France3. « Cet argent, on l’a, on l’utilise juste à mauvais escient, on pourrait l’utiliser pour un accueil digne et solidaire ici en France ».
Les arrivées en hausse de 4%
Malgré ces mesures sécuritaires déployées en nombre dans le nord de la France, les traversées de la Manche sont toujours aussi nombreuses, voire en augmentation. En seulement deux jours, les 21 et 22 septembre, 1 424 migrants sont arrivés au Royaume-Uni. Ces nouvelles arrivées en Angleterre portent à 25 052 le nombre de migrants débarqués sur les côtes anglaises depuis le 1er janvier.
Un chiffre en progression de 4% comparé à la même période de l’an dernier, mais il reste inférieur de 21% à celui enregistré sur la même période en 2022, année record qui avait vu 45 000 exilés arriver au Royaume-Uni par la Manche.
Cette année est par ailleurs la plus meurtrière jamais enregistrée. Au moins 46 personnes sont décédées depuis janvier 2024, de noyade ou d’étouffement à bord. Dernier naufrage en date, le 15 septembre, dans lequel huit personnes ont perdu la vie. Une cinquantaine de passagers ont tout de même pu être secourus : six ont été hospitalisés en urgence relative, dont un nourrisson de 10 mois, en hypothermie.
Sources: https://www.infomigrants.net/