Depuis le 2 septembre, les migrants de moins de 18 ans étaient passé sous la responsabilité de l’État espagnol après décision du chef du gouvernement canarien – qui refusait de les prendre en charge à cause de la saturation des centres d’accueil de l’archipel. La mesure a finalement été suspendue, jeudi, par le tribunal de Tenerife.
Les autorités canariennes de nouveau responsables de l’accueil des mineurs. Jeudi 26 septembre, le tribunal de justice de l’archipel a suspendu l’accord pris le 2 septembre, qui autorisait les Canaries – et les ONG sur place – à refuser la prise en charge des jeunes exilés.
Début septembre, à la suite d’une nouvelle arrivée de migrants sur l’île d’El Hierro, une association avait refusé de prendre en charge des mineurs, en raison de la surcharge de ses structures. Le président du gouvernement des Canaries, Fernando Clavijo, avait donc tranché : les autorités de la région autonome ne gèreraient plus, seule, l’arrivée des migrants mineurs, et ceux-ci passaient sous la responsabilité de l’État espagnol. Un arrêt désormais caduque.
A lire aussi
Espagne : face à la saturation de l’archipel, les Canaries refusent de prendre en charge de nouveaux mineurs
Pour le tribunal de Tenerife, la décision de Fernando Clavijo « compromettait les intérêts de ce groupe particulièrement vulnérable [les mineurs] ».
Mardi, le Conseil des ministres avait également décidé de contester cet accord devant la Cour constitutionnelle, estimant qu’il attribuait à l’État des pouvoirs qui ne lui sont pas conférés – à savoir le premier accueil de mineurs – et qu’il violait les droits des enfants et des adolescents.
« Les droits des enfants ne sont pas respectés »
Entre le 1er janvier 2024 et le 15 septembre, plus de 26 700 migrants sont arrivés sur l’archipel des Canaries après une traversée de l’Atlantique, soit 85% de plus que l’année dernière à la même période. Conséquence, les centres d’hébergement de l’archipel sont saturés, notamment ceux qui accueillent les mineurs. Fin août, plus de 5 200 jeunes exilés étaient pris en charge aux Canaries, pour une capacité de 2 000 places.
Le 9 juillet, l’antenne espagnole de l’Unicef avait tiré la sonnette d’alarme : dans l’archipel, « les droits [des enfants] ne sont pas respectés en raison de la saturation absolue du système de protection ». Le lendemain, le transfert sur la péninsule de 400 jeunes avait été décidé, y compris dans des régions dirigées par la droite espagnole, le Parti populaire (PP), qui jusqu’ici rechignait à accueillir ces mineurs.
Une mesure prise à la va-vite que le gouvernement aimerait inscrire dans le marbre. Le 22 juillet, il a présenté au Parlement une réforme de la loi Immigration : le texte propose notamment une modification de l’article 35, qui acterait l’accueil obligatoire des mineurs non accompagnés dans les différentes structures du pays (sur le continent), lorsqu’un territoire (comme les Canaries ou les enclaves) dépasse 150% de sa capacité d’accueil.
Mais les tensions entre la coalition de centre gauche au pouvoir (PSOE) et les partis conservateurs rendent sa mise en œuvre complexe. « Si la droite dans son ensemble est favorable à la répartition, qu’elle considère comme un devoir de solidarité, il ne faut pas oublier que certains présidents de région du PP ont été élus avec le soutien de Vox, d’extrême-droite, vent debout contre la réforme », avait expliqué cet été à InfoMigrants Benoît Pellistrandi, historien spécialiste de l’Espagne contemporaine. « Cette compétition au sein des droites peut entraver le compromis ». Et compliquer le quotidien de milliers de migrants tout juste arrivés.
Sources: https://www.infomigrants.net/