Paris : évacuation du campement de jeunes migrants installés sur les quais de Seine après leur expulsion de la Gaîté Lyrique

Un campement de jeunes migrants installés sur les quais de Seine, en plein cœur de Paris, a été démantelé mardi matin par les autorités. Ces exilés avaient dressé des tentes sous le pont Marie et le pont Louis-Philippe après leur expulsion de la Gaîté Lyrique mi-mars.
La menace planait depuis quelques jours. Mardi 1er avril, le campement de migrants situé entre le pont Marie et le pont Louis-Philippe, en plein centre de Paris, a été démantelé sur ordre de la préfecture de police. Vers 6h30 du matin, des policiers sont intervenus dans ce lieu de vie informel pour y déloger ses habitants.
« L’expulsion s’est déroulée calmement, avec un dispositif policier léger et sans violence manifeste », indique à InfoMigrants Hélène Goulhot, coordinatrice du programme mineurs non accompagnés à Médecins du Monde (MdM). « On a même pu récupérer une partie des tentes », ajoute Yann Manzi, fondateur d’Utopia 56.
Sur des vidéos diffusées par des journalistes sur le réseau social X, on peut voir des policiers laisser le temps aux exilés de ramasser leurs effets personnels, puis vérifier qu’aucun migrant ne se trouve à l’intérieur des abris avant l’évacuation.
Une centaine d’exilés se trouvaient mardi matin sur le campement, d’après les associations. Seule une dizaine aurait pris place dans des bus affrétés par les autorités, en direction des SAS en région, notamment Bourges et Toulouse. Contactée, la préfecture de police n’a pas répondu à nos questions, notamment sur le nombre de personnes « mises à l’abri ».
« La plupart ne veut pas aller dans ces centres car ils savent bien qu’ils vont se retrouver aux côtés d’adultes. Et que la seule chose qu’on leur proposera sera de demander l’asile », précise Yann Manzi.
La majorité de ces jeunes refusent de quitter la capitale car ils y attendent un rendez-vous auprès d’un juge pour enfants. Tous sont en recours pour faire reconnaître leur minorité – et ainsi espérer être pris en charge par l’ASE (Aide sociale à l’enfance).
Expulsion de la Gaîté Lyrique
Ce campement avait été érigé après l’expulsion le 18 mars de la Gaîté Lyrique, occupée pendant trois mois par environ 400 jeunes qui réclamaient un hébergement et affirmaient être des mineurs devant être reconnus comme tels.
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Après cette expulsion musclée, les migrants s’étaient alors déplacés vers les quais de Seine, au niveau de la très chic île Saint-Louis.
Dans un arrêté pris le 26 mars, le préfet de police de Paris Laurent Nunez avait demandé le démantèlement de ce nouveau camp, suivant la logique qui prévaut depuis des années sur le territoire français du « zéro point de fixation ».

Le préfet avait dénombré « plus de 250 personnes et près de 140 tentes » installés illégalement sur les quais de Seine au niveau de l’île Saint-Louis et de ses abords ». Laurent Nunez avait aussi dénoncé une « occupation illicite » qui résultait « en particulier de l’évacuation du théâtre de la Gaîté Lyrique » mardi 18 mars « et « du refus d’un nombre important de migrants de répondre favorablement à des solutions alternatives d’hébergement ».
Selon l’arrêté, ce camp comportait « des risques avérés pour la salubrité publique et la santé des occupants en raison de l’absence d’accès à l’eau » et générait « un trouble permanent à l’ordre public compte tenu des risques sanitaires et sécuritaires important qu’elle implique ».
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Les associations avaient alors déposé un recours en justice. Dans sa décision, rendue samedi et consultée par l’AFP, le tribunal administratif de Paris a rejeté ce recours, estimant que « l’installation de tentes sur les quais de Seine constitue par elle-même un risque pour la sécurité de leurs occupants comme des passants » et que l’évacuation « ne peut être regardée comme ayant porté une atteinte grave et manifestement illégale à l’une des libertés invoquées par les requérants ».
Mais pour les humanitaires, cette évacuation ne résout rien. « Ce dispositif ne fonctionne pas. On sait très bien qu’ils vont revenir dans les rues, ils n’ont nulle part où aller », affirme Yann Manzi d’Utopia 56. Les associations regrettent qu’aucune solution pérenne ne soit apportée. « Une nouvelle fois, ce démantèlement montre la volonté des autorités de faire disparaître ces jeunes du paysage. S’ils ne sont plus visibles, leur besoin d’être protégé n’est plus visible non plus », estime Hélène Goulhot de MdM.
Sources: infomigrants