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Grèce : le gouvernement veut retirer le statut de réfugié à ceux qui voyagent dans leur pays

Une nouvelle circulaire grecque du ministre des Migrations, Thanos Plevris, prévoit de sanctionner les réfugiés statutaires qui retournent dans leur pays d’origine, en supprimant leur protection internationale. Une mesure de plus dans l’arsenal législatif migratoire du gouvernement grec.

Les réfugiés statutaires en Grèce qui retourneront dans leur pays d’origine pourront perdre leur protection internationale, en vertu des nouvelles réglementations annoncées le 30 octobre par le ministère de la Migration et de l’Asile.

Selon une nouvelle circulaire émanant du ministre de la Migration, Thanos Plevris, consultée par InfoMigrants, toute personne ayant obtenu le statut de réfugié en Grèce et qui se rend dans le pays qu’elle a fui – et où elle a déclaré avoir été persécutée – ne sera plus perçue comme une personne qui y est en danger. Les autorités grecques pourront engager une procédure visant à suspendre ou à révoquer son statut de réfugié.

Première page de la circulaire sur la révocation du statut de réfugié en Grèce, le 30 octobre 2025.
Première page de la circulaire sur la révocation du statut de réfugié en Grèce, le 30 octobre 2025.

« Lorsque le réfugié refuse de témoigner sur les raisons d’un acte précis ou ne fournit pas d’explications satisfaisantes quant à son comportement », le retrait de son statut de protection pourra être envisagé, précise la circulaire. « […] L’attention des autorités compétentes est attirée sur le fait que, en cas de circulation d’informations concernant [un] retour ou intention de retour dans ce pays, l’Agence procédera à une enquête administrative immédiate (par exemple, contrôle des déplacements, entretiens, recoupement des informations avec les autorités compétentes) et, en cas de constatation de nouveaux éléments fondés, elle engagera immédiatement la procédure de retrait du statut accordé », peut-on lire sur la circulaire.

Selon une source qui travaille au sein de l’Organisation internationale des migrations (OIM) en Grèce, cette « décision vise à pénaliser encore plus » les étrangers dans le pays. « Certains réfugiés statutaires, il est vrai, rendent visite à leur famille dans leur pays, mais celle-ci est généralement déplacée dans des zones épargnées par les combats », explique-t-elle.

« Je crois en une politique d’immigration très ferme »

Pour se justifier, le gouvernement grec s’appuie sur la Convention de Genève relative aux réfugiés (article 1.C), dont la Grèce est signataire. Selon le texte, un réfugié peut effectivement perdre sa protection internationale s’il « est retourné volontairement s’établir dans le pays [qu’il] a quitté ou hors duquel [il] est demeuré de crainte d’être persécutée ».

En Grèce, comme dans les autres pays de l’Union européenne, les réfugiés statutaires risquent donc cette révocation de leur protection en cas de visite dans leur pays d’origine. En France par exemple, 610 révocations de statut ont été décidées en 2024.

Cette circulaire s’inscrit dans un arsenal législatif grec de plus en plus répressif à l’égard des étrangers et assumée par le ministre de la Migration. « Je crois en une politique d’immigration très ferme », a déclaré dimanche 2 novembre Thanos Plevris sur X.

« Votre pays ou la prison »

En septembre 2025, le gouvernement a voté une loi criminalisant les migrants. Le séjour irrégulier n’est plus une irrégularité administrative mais… un délit pénal. Les étrangers restés sur le territoire grec après le rejet de leur demande d’asile risquent une peine de deux à cinq ans, et une amende de 10 000 euros. « Le message est clair […] Si votre asile est rejeté, vous avez deux choix : soit vous rentrez dans votre pays, soit vous irez en prison », avait déclaré Thanos Plevris, fin août.

« L’idée avec cette loi, c’est un durcissement pour augmenter les retours forcés des déboutés [du droit d’asile] », précise la source de l’OIM. « Le ministre a un objectif clair : intégrer les personnes qui peuvent l’être le plus rapidement possible […] pour qu’ils puissent devenir une main-d’œuvre disponible le plus rapidement possible. Et expulser tous les autres ».

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Dans une autre circulaire du 20 octobre émanant, toujours, du ministère de la Migration, les migrants – qui entrent dans le pays et y restent sans avoir droit à l’asile – doivent obligatoirement être informés – via un document – des sanctions auxquelles ils s’exposent. « Si vous n’êtes pas un réfugié et n’avez pas droit à la protection, vous êtes entré et séjournez illégalement en Grèce. Dans ce cas : a) votre demande sera rejetée ; b) vous serez placé en détention administrative pour une durée maximale de 24 mois ; et c) vous commettez une infraction pénale grave, pour laquelle vous serez condamné à une peine d’emprisonnement de 2 à 5 ans. La seule façon d’éviter ces conséquences est de quitter volontairement la Grèce », peut-on lire dans le document remis aux migrants.

La loi votée en septembre supprime également la possibilité pour les demandeurs d’asile déboutés d’obtenir un permis de séjour après sept ans de résidence en Grèce. Des peines de prison sont aussi prévues pour les étrangers déboutés de l’asile et qui reviennent en Grèce sans papiers.

Au mois de juillet 2025, les autorités ont également suspendu l’accès à l’asile pour les migrants arrivant en Crète depuis l’Afrique du Nord – notamment en provenance de Libye.

Entre le 1er janvier et le 30 septembre 2025, un peu plus de 30 000 migrants sont arrivés en Grèce par la mer, dont 44 % en Crète (13% à Samos et 9% à Lesbos), selon les chiffres du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR). Ils étaient 28 000 l’année dernière sur la même période.

Sources: infomigrants

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