Le nombre d’arrivées de migrants sur les îles Canaries a été multiplié par six, par rapport à l’année précédente à la même période. L’Espagne peine à prendre en charge ces nouveaux arrivants, le système d’accueil étant totalement saturé.
Les arrivées de migrants sur les îles Canaries ne faiblissent pas. Au cours des deux premières semaines de septembre, l’archipel a vu débarquer sur ses côtes 1 277 migrants répartis à bord de 56 embarcations de fortune, un chiffre jamais atteint depuis 2008 selon l’agence de presse espagnole Efe.
En moyenne, ce sont ainsi 87 personnes qui sont arrivées quotidiennement aux Canaries depuis le 1er septembre.
Si l’archipel espagnol est encore loin des 31 678 arrivées enregistrées en 2006, des 12 478 en 2007 et des 9 191 en 2008, l’augmentation des débarquement en 2020 indique clairement une réactivation de cette route migratoire.
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Depuis le début de l’année, 5 210 migrants répartis sur 192 bateaux ont atteint les Canaries, soit six fois plus que l’année précédente à la même période où 837 personnes avaient été comptabilisées, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur espagnol.
De plus, le chiffre de 1 277 arrivées recensées lors des 15 premiers jours de septembre correspond quasiment à la somme totale des débarquements de 2018, première année où la route des Canaries montrait les premiers signes d’une réactivation avec 1 307 débarquements.
Saturation du réseau d’accueil
L’instabilité en Libye et l’importante présence policière dans le nord du Maroc ont poussé de nombreux migrants à changer de route et à tenter leur chance depuis les côtes ouest-marocaines, mauritaniennes ou sénégalaises.
Reste que l »Espagne peine à faire face à cette recrudescence, le réseau d’accueil de l’archipel est aujourd’hui totalement saturé. Le nombre de places a pourtant été revu à la hausse : le dispositif n’en comptait que 89 en octobre 2019, contre 820 en mars 2020 et 1 400 en juillet de la même année.
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Cependant, il peut arriver que des migrants passent plusieurs nuits sous des tentes installées à la hâte dans les rues de Gran Canaria, l’île qui accueille le plus de personnes. Début septembre, des centaines de personnes ont été ainsi obligées de dormir au port d’Arguineguin, faute de structures pour les accueillir.
Il faut dire que la crise sanitaire n’a pas facilité la situation, les transferts vers le continent ou les renvois à destination des pays d’origine des migrants sont rares voire inexistants en raison des restrictions de voyage imposées par le Covid-19. Les autorités ont donc décidé d’héberger environ 1 500 migrants dans des complexes touristiques de l’archipel, restés vide en raison de l’absence de voyageurs étrangers due au coronavirus.
La situation est telle que le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) doit ouvrir d’ici la fin de l’année un bureau sur les îles Canaries. « Il est important de renforcer notre présence afin d’identifier et d’assister ceux qui ont besoin d’une protection internationale, mais aussi les mineurs isolés et les personnes vulnérables », avait déclaré en juillet à InfoMigrants Maria Jesus Vega, porte-parole du HCR en Espagne.
Sources : https://www.infomigrants.net/