La Biélorussie a affirmé mercredi qu’un migrant irakien, venant de Lituanie, est mort « dans les bras des garde-frontières biélorusses » après avoir été violemment battu à la frontière lituanienne. La Lituanie nie être à l’origine de ce décès, et parle de « désinformation » de la part du régime du dictateur Loukachenko.
Nouvelle passe d’armes entre la Lituanie et la Biélorussie. Minsk a accusé Vilnius d’être responsable de la mort d’un migrant à la frontière entre les deux pays. Selon le régime du dictateur Alexandre Loukachenko, un ressortissant irakien, violemment battu, a été retrouvé, mercredi 4 août, par les garde-frontière biélorusses à Beniakoni, près de la frontière lituanienne.
Il « est mort dans les bras des garde-frontières » biélorusses, d’après la chaîne Télégram officieuse du président biélorusse. « Le président a immédiatement été informé de ce meurtre choquant de l’Irakien qui revenait de Lituanie », indique la même source.
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Alexandre Loukachenko a ordonné l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur ce décès. Il a, par ailleurs, demandé de retrouver les proches du défunt et de leur délivrer un visa pour la Biélorussie afin de venir récupérer le corps.
« Désinformation »
Les autorités lituaniennes ont de leur côté rejeté ces accusations. « Une attaque hybride est menée contre la Lituanie et la diffusion d’une telle désinformation en est un exemple », a déclaré la ministre de l’Intérieur, Agne Bilotaite, aux journalistes.
Pour le ministre lituanien de la défense, Arvydas Anusauskas, les allégations de la Biélorussie sont une nouvelle provocation de la part de Minsk. « En organisant ces voyages illégaux, en impliquant leurs fonctionnaires dans cette activité, je pense qu’ils ne peuvent pas toujours contrôler eux-mêmes la situation », a affirmé le ministre.
Les autorités lituaniennes soupçonnent Minsk d’orchestrer un afflux de migrants, notamment irakiens, en représailles aux sanctions de l’Union européenne (UE) du fait de la répression politique dans le pays.
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L’UE considère que Minsk utilise les migrants comme une arme pour faire pression sur son voisin balte qui accueille des opposants biélorusses exilés, en particulier la principale rivale du président Loukachenko, Svetlana Tikhanovskaïa. « Malheureusement, les migrants sont une fois de plus utilisés comme une arme », avait ainsi dénoncé fin juillet le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Ce dernier avait aussi demandé des explications aux autorités irakiennes sur l’utilisation de l’aéroport de Bagdad pour acheminer des migrants en Biélorussie d’où il sont convoyés illégalement jusqu’en Lituanie.
4 000 arrivées de migrants depuis le début de l’année
Depuis le début de l’année, ce petit pays balte de 2,8 millions d’habitants est confronté à un afflux de migrants sans précédent : plus de 4 000 personnes ont débarqué en Lituanie, contre 81 pour l’ensemble de 2020.
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Pour y faire face, la Lituanie enchaîne, depuis plusieurs semaines, les déclarations et les mesures visant à restreindre les arrivées de migrants. Mardi, les autorités ont déclaré qu’elles avaient commencé à repousser les migrants qui essayaient d’entrer dans le pays, via la Biélorussie. « Quiconque tente d’entrer illégalement sur le territoire lituanien se verra refuser l’entrée et sera dirigé vers le point de contrôle frontalier international opérationnel le plus proche », a prévenu le chef des garde-frontières lituaniens, Rustamas Liubajevas.
Les autorités biélorusses ont dans la foulée rapporté qu’une quarantaine de migrants, parmi lesquels des femmes et des enfants, étaient revenus dans le pays avec « des lésions corporelles » après avoir été refoulés par la Lituanie. La Première ministre lituanienne, Ingrida Simonyte, a réagi à ses propos, affirmant n’avoir « aucune information sur des excès qui auraient eu lieu en Lituanie ou à la frontière ».
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