Dans ce centre présenté comme un modèle lors de son ouverture en septembre 2021, les exilés n’ont plus d’eau courante depuis le 6 mai. Les migrants du camp ne reçoivent que 4,5 litres d’eau par personne et par jour pour couvrir tous leurs besoins en eau. Selon le ministère grec de la Migration, c’est la panne d’une pompe qui serait à l’origine de la coupure. Les associations dénoncent les multiples défauts de fonctionnement du camp depuis son ouverture.
Ça devait être le camp idéal. La « Rolls » des hotspots pour demandeurs d’asile. Pourtant, depuis son ouverture en septembre dernier, le centre fermé de l’île grecque de Samos accumule les problèmes de fonctionnement. Dernier en date, depuis le 6 mai, les quelque 400 habitants du camp n’ont plus qu’un accès extrêmement réduit à l’eau courante. Une heure le matin et une heure le soir. « De plus en plus de personnes affirment que ce n’est jamais vraiment une heure entière mais plutôt 20 ou 30 minutes », rapporte un membre du Samos advocacy collective, un collectif d’associations de défense des exilés, interrogé par InfoMigrants.
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Pour compléter la distribution de bouteilles, les autorités grecques prévoient des livraisons de citernes d’eau dans le camp. InfoMigrants a pu consulter un document comptable du ministère de la Migration, daté du 16 mai, qui mentionne une livraison prochaine de 300 mètres cubes d’eau au camp de Samos.
De leur côté, les associations distribuent des jerricanes d’eau et des lingettes. Le Samos advocacy collective a également envoyé, lundi, un mail au ministère grec de la Migration et à la Commission européenne pour les alerter de la gravité de la situation.
Le manque d’eau et donc d’hygiène fait courir des risques sanitaires aux exilés qui y vivent dans le camp. « La semaine dernière, 33 personnes sont arrivées dans le camp, affirme le membre du collectif cité plus haut. Elles n’ont toujours pas pu prendre une douche ».
« Le camp est dysfonctionnel depuis le premier jour »
Cette coupure d’eau complique encore un peu plus la vie des exilés dans le camp et s’ajoute à la liste – déjà longue – des défauts observés dans le centre. « Le camp est dysfonctionnel depuis le premier jour. Trois semaines après son ouverture, il y avait déjà des problèmes », déplore la source citée précédemment. En octobre dernier, de fortes pluies s’étaient abattues sur l’île de Samos et le camp, « construit au fond d’une vallée », avait été rapidement inondé.
Depuis l’ouverture, les migrants qui ont été contraints de s’y installer se plaignent également de coupures d’électricité, de pannes de climatisation ou encore de douches qui fuient et inondent les logements. Le camp s’est également rapidement révélé inadapté à l’accueil de personnes handicapées.
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Pourtant, la Grèce et l’Union européenne – qui a attribué 276 millions d’euros à la Grèce pour l’édification de nouveaux camps fermés – ont vanté le confort supposé de ce nouveau site. La structure a coûté pas moins de 43 millions d’euros, intégralement financés par Bruxelles. La somme a permis, entre autres, de financer un système de vidéo-surveillance, des portes à accès magnétique et de hautes clôtures de barbelés.