Les autorités françaises ont porté assistance, vendredi, à une embarcation en détresse au niveau de Leffrinckoucke, dans le nord de la France. À son bord se trouvait 51 personnes. Malgré la multiplication des moyens pour empêcher les exilés de prendre la mer, les traversées de la Manche sont toujours plus nombreuses.
C’est un sauvetage peu commun dans la Manche. Vendredi 24 juin, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Griz-Nez a porté secours à une embarcation en difficulté avec à son bord 51 personnes. D’ordinaire, les petits bateaux empruntés par les migrants dans le détroit franco-britannique excèdent rarement la vingtaine de passagers.
Les naufragés et leur embarcation surchargée avait été repérés « au large de Leffrinckoucke » dans le Nord, explique la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. Après l’opération de sauvetage, ils ont été déposés au port de Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais. Aucune victime n’est à déplorer. Les naufragés ont ensuite été « pris en charge par la police aux frontières » et « le service départemental d’incendie et de secours » du département, précise la préfecture.
Malgré les multiples moyens mis en œuvre par les autorités françaises et britanniques pour empêcher les exilés de prendre la mer – caméras, drones, augmentation des patrouilles sur les plages – les tentatives de traversée de la Manche ont atteint cette année un niveau record. Entre le 1er janvier et le 13 juin 2022, « 777 événements de traversées et tentatives de traversées en ‘small boats’ impliquant 20 132 candidats ont été recensés », selon le ministère français de l’Intérieur. C’est 68 % de plus qu’en 2021, à la même période.
Des semi-rigides « de 20 à 40 personnes »
Parmi les raisons qui expliquent cette augmentation : l’ultra surveillance de l’Eurotunnel, passage autrefois privilégié par les migrants et devenu quasiment infranchissable, mais aussi l’augmentation du nombre de personnes par bateau. « Ce que l’on voit le plus souvent maintenant, ce sont des embarcations semi-rigides qui peuvent contenir entre 20 et 40 personnes « , avait indiqué à InfoMigrants Véronique Magnin, porte-parole de la préfecture de la Manche et de la mer du Nord. «
D’après elle, il y a d’ailleurs « des traversées quasiment tous les jours ». Et ce, malgré les annonces destinées à mettre un terme aux arrivées de migrants en Angleterre. Fin avril, Londres a inscrit dans la loi sa réforme très controversée du droit d’asile qui prévoit notamment le transfert des demandeurs d’asile arrivés en « small boats » à plus de 6 000 km de là, au Rwanda.
Et sur place, la gestion des candidats à l’asile est de plus en plus sommaire et complexe pour les exilés. Le centre d’enregistrement de Douvres, premier point de passage pour les migrants interceptés en mer, situé sur les docks, est d’ailleurs dissimulé derrière une bâche noire qui ne laisse rien entrevoir. « C’est comme un grand hangar, on dormait à même le sol, sans oreiller », avait décrit à InfoMigrants Sidiq, un ressortissant afghan de 20 ans qui a passé 15 heures dans la Manche à l’automne, à bord d’un bateau qui « ne fonctionnait pas bien ».
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« Les migrants passent la nuit à même le béton. Ils n’ont aucune intimité et gardent parfois leurs habits mouillés pendant des jours », s’offusquait Bridget Chapman, membre de Kent Refugees Action Network (KRAN), une association qui vient en aide aux jeunes exilés, qui se base sur de nombreux témoignages. « Il y a aussi des personnes blessées, laissées sans soins. »
Source : http://www.infomigrants.net