C’est lors d’un sauvetage conduit dans la nuit de dimanche à lundi que les autorités espagnoles ont découvert, dans un bateau, les corps sans vie de trois migrants. Les 45 survivants à leurs côtés à bord étaient tous marocains, à l’exception d’une personne.
Énième drame sur la route périlleuse des Canaries. Dans la nuit du dimanche 14 au lundi 15 août, les services de secours espagnols ont découvert les corps sans vie de trois migrants, à bord d’un bateau, au large de Gran Tarajal, à Fuerteventura.
Dans l’embarcation, l’équipage a retrouvé 45 survivants, dont 42 hommes, deux femmes et un enfant, aux côtés des trois cadavres. « Toutes les personnes secourues étaient marocaines, à l’exception d’un homme d’Afrique sub-saharienne », a déclaré un porte-parole des garde-côtes à l’AFP.
« Six personnes ont été hospitalisées, dont cinq dans un état grave », a-t-il également indiqué sur Twitter. Le débarquement à terre a commencé vers 3h30 du matin, à Puerto del Rosario, précise le Diario de Avisos.
L’embarcation avait été repérée en difficulté non loin de l’île de Fuerteventura, juste après minuit.
Un corps sous un tas de vêtements
De nombreux candidats à l’exil tentent, par ce passage dans l’océan Atlantique, d’atteindre l’archipel espagnol des Canaries. Les conditions de navigation rendent le voyage très difficile pour les passagers qui manquent d’eau, de nourriture et sont épuisés. Certains n’y survivent pas.
Le 9 août, un migrant décédé pendant la traversée a été retrouvé dans un bateau, qui avait été secouru avec ses 61 passagers. C’est lors du débarquement au port d’Arguineguín, sur l’île de Grande Canarie, que la police avait découvert le corps, sous un tas de vêtements.
Le 15 juillet, deux personnes, dont une enfant de quatre ans, ont été retrouvées mortes à bord d’une autre embarcation d’exilés au large de l’île de Lanzarote. La veille, un bateau de pêche, qui avait repéré l’embarcation de fortune, s’était approché pour venir en aide aux 27 passagers. C’est alors que l’équipage avait remarqué que deux personnes à bord étaient décédées, ont précisé les garde-côtes espagnols à l’AFP.
À cause des vents et des courants forts, les naufrages en pleine mer sont aussi nombreux. Dernier en date : le 25 juillet, lorsqu’un canot pneumatique a chaviré au large des côtes sud du Maroc, faisant huit morts.
Au premier semestre 2022, près de 800 personnes auraient déjà perdu la vie sur cette route, d’après un bilan de l’ONG Caminando Fronteras. Soit en moyenne, cinq décès par jour entre janvier et juin. Selon l’association, régulièrement contactée par les migrants en détresse en mer et les familles d’exilés, 4 404 migrants sont morts ou ont disparus en 2021 au cours de leur traversée pour tenter de rejoindre l’Espagne, soit deux fois plus qu’en 2020.
Le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), lui, avance le chiffre de 1 153 personnes pour 2021.
Des embarcations en provenance de Mauritanie ou du Sénégal
Depuis le début de l’année, 9 589 migrants ont effectué ce voyage maritime extrêmement dangereux entre les côtes africaines et les îles espagnoles de l’Atlantique, contre 7 531 un an plus tôt, selon les chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur.
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Au plus court, la route depuis la côte marocaine est d’environ cent kilomètres mais les migrants viennent souvent de beaucoup plus loin, la distance depuis la Mauritanie étant de plus de mille kilomètres à vol d’oiseau.
Certains bateaux partent même du Sénégal. Dans la nuit du 6 au 7 août, 143 migrants ont été interpellés par la gendarmerie sénégalaise à Fimela et Nianing, deux zones de pêche, au sud de Dakar. Tous s’apprêtaient à prendre la mer pour rejoindre l’archipel espagnol des Canaries, au péril de leur vie.
Source : http://www.infomigrants.net