La Belgique a fait face à une hausse soudaine des demandes d’asile en 2022. Malgré la création de 4 000 places d’hébergement, le système d’accueil reste saturé. L’Etat en appelle à la « répartition équitable » des demandeurs d’asile avec les autres pays européens.
Les structures d’accueil de la Belgique sont « débordées », a alerté mercredi 18 janvier la secrétaire d’Etat à la Migration Nicole de Moor dans un entretien à l’AFP. Le pays européen connait une hausse record de 40 % du nombre de demandeurs d’asile en 2022.
Quelque 36 800 demandes d’asile, surtout d’Afghans, de Syriens, de Palestiniens et de Burundais, ont été déposées l’année dernier, en plus des 63 000 Ukrainiens bénéficiant d’un statut de protection temporaire, d’après les statistiques officielles.
« Une telle augmentation soudaine de 100 000 personnes qui cherchent une protection dans notre pays pose des problèmes, cela pèse lourd sur notre système », a estimé Nicole de Moor.
Le pays connait en effet une saturation de son dispositif d’accueil. Le manque d’hébergements d’urgence touche l’ensemble des migrants, y compris des demandeurs d’asile contraints de dormir dehors.
InfoMigrants avait rapporté en octobre le cas de nombreuses familles de demandeurs d’asile, avec enfants, n’ayant pas trouvé de place dans le système d’accueil et d’hébergement géré par Fedasil (l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile, sous tutelle de l’État). Une première pour des publics considérés comme prioritaires. De même, une vingtaine de mineurs non-accompagnés officiellement reconnus comme tels, s’étaient vus eux aussi refuser l’entrée dans le dispositif d’accueil.
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Pourtant, quelque 4 000 places ont été créées en 2022, portant à 33 505 places la capacité de Fedasil. L’agence étatique a aussi recruté plus de 800 employés. « Aujourd’hui on a la plus grande capacité d’accueil qu’on ait jamais eue, on n’a jamais eu autant de personnel dans nos services d’asile », a fait valoir Nicole de Moor. Elle a aussi promis de « continuer à créer des capacités supplémentaires », tout en reconnaissant que « cela seul ne va pas suffire ».
Grand nombre de demandes d’asile par rapport à la population
La secrétaire d’Etat à la Migration estime surtout que le pays de 11,5 millions d’habitants connait une « pression disproportionnée » par rapport à ses voisins européens. Elle demande de « réformer le système ».
« Au niveau européen, on doit vraiment avoir une meilleure politique de gestion des frontières et on a besoin d’une répartition équitable, parce qu’aujourd’hui il y a des pays qui ont beaucoup moins de demandeurs d’asile que la Belgique », affirme-t-elle à l’AFP.
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La Belgique se situe « dans le groupe des Etats membres qui reçoivent le plus grand nombre de demandes par rapport à leur population », selon le commissariat général aux réfugiés et apatrides (CVGS) belge. L’Autriche, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Grèce sont eux aussi très largement sollicités, tandis que « le nombre de demandes reste très faible dans les pays scandinaves », indique cet organe chargé d’octroyer l’asile en Belgique.
D’après l’Agence de l’UE pour l’asile (EUAA), en 2022 plus de 900 000 demandes d’asile ont été déposées dans l’ensemble des pays de l’UE (ainsi qu’en Islande, au Liechtenstein, en Norvège et en Suisse), soit une hausse de plus de 50% par rapport à la même période en 2021.
Sources : https://www.infomigrants.net/