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Royaume-Uni : un questionnaire écrit pourra remplacer l’entretien pour la demande d’asile

Les autorités britanniques ont mis en place un questionnaire écrit, en anglais, pour accélérer les délais de traitement des demandes d’asile. Cette annonce a suscité l’indignation des associations d’aide aux migrants qui dénoncent davantage de difficultés dans la procédure.

Levée de boucliers au Royaume-Uni, après l’annonce du ministère de l’Intérieur mercredi 22 février de changer la méthode d’examen des demandes d’asile. Pour accélérer les délais de traitement des dossiers en cours, le gouvernement va remplacer l’entretien de fond par un questionnaire d’une quarantaine de questions à renvoyer en anglais sous 20 jours ouvrables.

D’après le quotidien britannique The Guardian, le document d’une dizaine de pages précise que « si vous ne parlez, n’écrivez ou ne comprenez pas l’anglais, vous pouvez utiliser des outils de traduction en ligne. » Si le questionnaire n’est pas renvoyé dans le délai imparti, il peut entraîner la suppression de la demande d’asile en cours.

Près de 12 000 premiers questionnaires ont été envoyés ce jeudi à des migrants d’Afghanistan, d’Érythrée, de Libye, de Syrie et du Yémen qui ont déposé une demande d’asile avant juillet dernier, selon la BBC. Des nationalités ciblées par le gouvernement en raison du taux d’octroi d’asile élevé les concernant : 90%.

150 000 demandes d’asile en attente de traitement

Les questions posées sont parfois complexes. Il est notamment demandé : « Avez-vous des documents ou d’autres preuves pour confirmer votre pays d’origine ? Si non, pourquoi ? Si vous ne craignez pas les autorités de votre pays telles que le gouvernement ou la police, pouvez-vous obtenir des preuves documentaires telles qu’un certificat de naissance, une carte d’identité nationale, un passeport ou un permis de conduire ? ».

En juin dernier, le nombre de demandes d’asile en cours de traitement s’élevait à 92 000, mais d’après les statistiques sur l’immigration publiées par le gouvernement jeudi, près de 150 000 dossiers seraient actuellement bloqués. Certains migrants attendraient déjà depuis 18 mois pour obtenir une réponse.

« Il est impossible que 20 jours suffisent pour remplir ce formulaire »

L’annonce du gouvernement britannique a provoqué de vives réactions chez les défenseurs des droits des migrants qui estiment que cette nouvelle méthode pénalise les demandeurs d’asile qui maîtrisent mal l’anglais, n’ont pas d’accès à l’informatique ou tout simplement pas le temps de mobiliser l’aide juridique nécessaire en 20 jours.

« Après avoir vécu dans l’inquiétude et l’incertitude pendant des mois, voire des années, sans avoir de nouvelles de leurs demandes, il n’est pas raisonnable de s’attendre à ce que les gens remplissent un long formulaire uniquement en anglais en quelques semaines », a notamment déclaré Enver Solomon, PDG du Refugee Council, au Guardian.

« Il est impossible que 20 jours suffisent pour remplir ce formulaire », a ajouté Colin Yeo, avocat spécialisé en droit de l’immigration. « En raison de l’arriéré, il est impossible qu’il y ait suffisamment d’avocats pour répondre à la demande en si peu de temps. Ce n’est tout simplement pas juste. »

D’après le ministère de l’Intérieur, ce questionnaire pourra être complété par un entretien physique si nécessaire : « Si un entretien se révèle nécessaire, nous aurons une meilleure compréhension des raisons de votre demande d’asile », peut-on lire sur le document.

Tensions autour du logement des demandeurs d’asile

Cette nouvelle annonce du gouvernement britannique intervient en pleines tensions sur les conditions de logement des migrants. Cet automne, 37 000 réfugiés étaient logés dans des hôtels britanniques, coûtant chaque jour 6 millions de livres sterling aux contribuables, selon la BBC. Le gouvernement cherche actuellement des solutions alternatives pour loger les demandeurs d’asile. Des centres de vacances vides, d’anciennes résidences étudiantes ou des casernes militaires désaffectées sont envisagés.

Cette nouvelle mesure s’inscrit dans le durcissement de la politique migratoire britannique, alors que 45 000 migrants ont traversé la Manche en 2022. Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak s’efforce de résoudre la saturation de son système d’asile. Autre exemple : depuis fin décembre, l’ordre d’expulsion d’un délinquant étranger se disant victime d’esclavage moderne n’est plus automatiquement suspendu en attendant que son cas soit examiné.

Sources : www.infomigrants.net

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