Des adolescents d’extrême-droite arrêtés en Allemagne et soupçonnés d’attaques contre des migrants

Les autorités allemandes ont arrêté cinq suspects, âgés de 14 à 18 ans, lors d’une importante opération policière. Ils appartiennent à « une organisation terroriste d’extrême droite », appelée « Letzte Verteidigungswelle » (« Dernière vague de défense »), et soupçonnée d’avoir tagué des croix gammées et proféré des insultes racistes dans un centre pour demandeurs d’asile en janvier.
Les autorités allemandes ont annoncé mercredi 21 mai le démantèlement d’une cellule d’extrémistes d’extrême droite menée par des adolescents. Ces derniers sont soupçonnés d’attaques et de projets d’attaques contre des migrants notamment.
Les cinq suspects, âgés de 14 à 18 ans, ont été arrêtés lors d’une importante opération policière. Ils appartiennent à « une organisation terroriste d’extrême droite », selon un communiqué du parquet fédéral, appelée « Letzte Verteidigungswelle » (« Dernière vague de défense »), fondée « au plus tard à la mi-avril 2024 ». Ce groupuscule est soupçonné d’avoir mené au moins deux attaques ces derniers mois dans l’est de l’Allemagne, vivier de l’extrême droite qui y enregistre des résultats électoraux particulièrement élevés.
Leur objectif était de « provoquer l’effondrement du système démocratique (…). Le mouvement se considérait comme « la dernière instance de défense de la ‘nation allemande' » et planifiait « notamment des incendies criminels et des attentats à l’explosif contre des centres d’hébergement pour demandeurs d’asile et des installations de la gauche politique, pouvant entraîner la mort », selon le parquet.
Le ministre de l’Intérieur, Alexander Dobrindt, n’a pas exclu que d’autres personnes soient impliquées, même si « actuellement les autorités n’ont rien découvert de tel ».
En janvier 2025, ces adolescents avaient tenté de tirer des feux d’artifice à l’intérieur d’un centre d’hébergement pour demandeurs d’asile à Schmölln (dans l’est de l’ Allemagne) et tagué plusieurs slogans comme « Ausländer raus » (« Dehors les étrangers »), « Deutschland den Deutschen » (« L’Allemagne aux Allemands ») ainsi que des croix gammées.
220 policiers mobilisés
Ils avaient également planifié d’incendier, dans une autre commune de l’est du pays, un centre d’hébergement pour migrants, se procurant à cette fin des engins explosifs. Mais l’attaque a été déjouée et des suspects, âgés de 18 à 21 ans, ont été arrêtés en février.

Quelque 220 policiers ont été mobilisés pour ces arrestations dans trois régions allemandes, accompagnées de perquisitions. La ministre allemande de la Justice, Stefanie Hubig, a jugé « particulièrement choquant » le jeune âge des suspects. « C’est particulièrement préoccupant », a renchéri Alexander Dobrindt, décrivant le processus de leur radicalisation : « Ils se rencontrent sur internet, fondent un groupe sur la toile où ils se confortent dans leur agressivité et se cherchent des adversaires communs ».
Les suspects encourent notamment des poursuites pour tentative de meurtre et incendie criminel particulièrement grave.
Hausse des agressions de migrants à Berlin
Selon les autorités de Berlin, le nombre d’agressions contre les migrants, les demandeurs d’asile, les réfugiés et leurs logements a connu une « nette augmentation » en 2024 dans la capitale. Huit attaques visant des foyers hébergeant des demandeurs d’asile ont été signalées à Berlin l’année dernière, alors qu’aucun incident de ce genre n’avait été rapporté en 2023. La capitale allemande a également enregistré 77 agressions directes contre des demandeurs d’asile et des réfugiés, contre 32 l’année précédente.
La hausse des attaques contre des migrants survient dans un climat de ressentiment croissant contre les demandeurs d’asile en Allemagne. Le thème de l’immigration est de plus en plus associé à l’insécurité, alors que le pays est régulièrement endeuillé par des attaques mortelles perpétrées par des étrangers, dont des demandeurs d’asile déboutés.
Le 12 avril dernier, un ressortissant syrien de 43 ans a été abattu par la police après avoir poignardé mortellement un Allemand de 29 ans dans une station de métro, a rapporté le journal Bild.
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L’attaque de Solingen, dans l’ouest de l’Allemagne, en août 2024, perpétré par un ressortissant syrien, a marqué un véritable tournant dans le pays. Puis l’attentat contre un marché de Noël commis par un Saoudien dans la ville de Magdebourg ou encore l’attaque au couteau en janvier 2025 à Aschaffenbourg perpétrée par un demandeur d’asile afghan a profondément marqué l’opinion publique.
Lors des élections fédérales de février, le parti AfD (Alternative für Deutschland), un parti ouvertement raciste et anti-migrants, est devenu la première force d’opposition au Bundestag. Du jamais vu en Allemagne depuis la Seconde guerre mondiale.
Hausse des délits liés à l’extrême droite
Entrée en fonction début mai, la nouvelle coalition gouvernementale dirigée par le chancelier conservateur Friedrich Merz doit désormais faire face aussi à une progression des idéologies extrémistes de droite. Le nombre de délits liés à l’idéologie d’extrême droite a augmenté de 48 % en Allemagne l’an dernier, selon des chiffres publiés mardi par le ministère de l’Intérieur. Quasiment une infraction à motif politique sur deux était liée à l’extrême droite, selon les mêmes statistiques.
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Parallèlement aux arrestations des cinq adolescents, des perquisitions contre une autre cellule présumée d’extrême droite ont eu lieu mercredi dans la région de Rostock, en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale (nord-est).
Là aussi, les suspects, des adolescents et de jeunes adultes, auraient été « incités à commettre des crimes » sur leur groupe de discussion, selon les autorités locales. « Une nouvelle scène de très jeunes extrémistes de droite est en train de se former, radicalement tournée vers le numérique et prête à la violence », avertit le ministre de l’Intérieur de ce Land, Christian Pegel.
Selon les services allemands du renseignement intérieur, la mouvance d’extrême droite comptait 40 600 personnes en 2023 (contre 38 800 en 2022). Ceux considérés comme violents était estimés à 14 500 personnes (contre 14 000 en 2022).
Sources : infomigrants




