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Au Maroc, un prêtre français accusé de violences sexuelles sur des mineurs étrangers, notamment guinéens

Une plainte déposée en 2024 auprès du Parquet de la Cour d’appel de Casablanca, au Maroc, vise un prêtre catholique français accusé de violences sexuelles sur des mineurs étrangers. Les victimes sont majoritairement originaires de Guinée Conakry. Le média marocain Enass a révélé les faits en publiant une enquête lundi.

L’enquête est accablante. D’après les informations du site marocain d’informations Enass, publiées lundi 3 novembre, un prêtre catholique français qui officiait à Casablanca est accusé de violences sexuelles sur des mineurs étrangers, cinq demandeurs d’asile de Guinée Conakry et un jeune Camerounais.

D’après Enass, une plainte avait été déposée en mai 2024 auprès du parquet de la Cour d’appel de Casablanca contre ce prêtre, le père Antoine Exelmans. Une mise en accusation qui a mis fin à « un système d’exploitation sexuelle […] à l’encontre de migrants et réfugiés mineurs » qui a duré au moins quatre ans, en 2020 et 2024.

Quelques semaines après la plainte, le prêtre a quitté le pays. Aujourd’hui, le père Exelmans se trouve en France. D’après Enass, « il a pris la fuite dimanche 16 juin 2024, la veille de l’Aid El Kebir. Le début de l’enquête judiciaire à son encontre a accéléré son départ ». Une exfiltration, en somme. De son côté, l’archevêque affirme que le prêtre incriminé n’est pas en fuite mais « actuellement assigné à résidence (…) et a été entendu par la police judiciaire en France ».

« Relations sexuelles régulières »

Quels sont les faits qui lui sont reprochés ? Citant une source non identifiée, le média marocain affirme que le prêtre « entretenait des relations sexuelles régulières » avec au moins un mineur guinéen durant « des mois » – avant son retour en France. D’après Enass, trois des six victimes ont été entendues par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) à Casablanca.

D’après Enass, toujours, « les victimes ont aujourd’hui les âges suivants : la victime n° 1 (21 ans), la victime n° 2 (20 ans), les victimes n° 3, 4 et 5 (19 ans) et la victime n° 6 (17 ans) ». Toutes étaient mineurs au moment des faits.

Selon les témoignages recueillis par le média, le « système Père Antoine » visait les mineurs, « les plus fragiles ». « Les abus pouvaient être des attouchements, le déshabillement de la victime jusqu’à la relation sexuelle avec pénétration. Certaines victimes refusaient, d’autres cédaient à ses tentatives répétées », révèle une source qui a recueilli les témoignages de certaines victimes.

L’Église affirme « avoir coopéré pleinement »

Au lendemain de la publication de cette enquête, l’archevêque de Rabat a affirmé mardi 4 novembre avoir « coopéré pleinement » avec les autorités marocaines et étrangères. « Dès que les faits ont été portés à notre connaissance, nous avons engagé les démarches prévues par le droit de l’Église et coopéré pleinement avec les autorités civiles compétentes, au Maroc comme à l’étranger, en leur transmettant les résultats de notre enquête », a affirmé l’homme d’Église, Mgr Cristobal Lopez Romero, dans un communiqué transmis à l’AFP, dans lequel il réaffirme avoir « pris très au sérieux les signalements reçus ».

Dès juillet 2024, pourtant, l’archevêque avait reconnu avoir été alerté sur le comportement du père Antoine « au service des jeunes migrants », laissant craindre « des abus sur des personnes fragiles ». L’Église avait alors décidé d’interdire au prêtre « d’entretenir tout contact avec des personnes mineures » sans la présence d’un autre adulte ainsi qu’un accompagnement « sur le plan psychologique ». Pas plus. « Nous portons dans la prière les personnes qui ont pu être victimes, ainsi qu’Antoine », avait écrit l’Église dans un communiqué à ses fidèles « mettant sur un même pied d’égalité le supposé violeur et les victimes ».

Fin septembre, un collectif de victimes d’un autre prêtre français, Yves Grosjean – incarcéré en France pour agressions sexuelles aggravées – a dénoncé dans une lettre ouverte « les silences » des diocèses de Dijon et de Rabat, reprochant aux autorités ecclésiastiques un manque de transparence face aux abus signalés.

Le père Exelmans avait été envoyé au diocèse de Rabat en 2016. Il avait ensuite rejoint Oujda jusqu’en 2021 avant d’aller à Casablanca. Il était arrivé « à la capitale économique avec une réputation solide, celle d’être ‘Monsieur Migrants' », écrit Enass qui cite un acteur associatif qui l’a connu de près, au sein de l’Église au Maroc. Aujourd’hui, les victimes sont traumatisées. « Depuis l’éclatement de l’affaire, [l’une d’elles] refuse de parler à toute personne des faits qu’elle subissait. Elle a décliné toute proposition de suivi psychologique. C’est un jeune homme blasé par la vie », écrit le média marocain.

Sources: infomigrants

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