À Paris, des centaines de migrants dorment toujours dans la rue malgré les mises à l’abri
Malgré la mise à l’abri par l’État de 500 personnes fin novembre, entre 300 et 400 migrants dorment toujours dans la rue, en périphérie de Paris. Les associations redoutent que la fin du confinement ne provoque l’expulsion des exilés hébergés dans des structures d’urgence.
À l’appel des associations Droit au logement (DAL), Utopia 56 et CSP75 (coordination des sans-papiers de Paris), une centaine de migrants et militants associatifs se sont regroupés vendredi 11 décembre devant l’entrée de la préfecture d’Ile-de-France, à Paris, pour réclamer des réquisitions d’immeubles vides afin de loger les personnes à la rue.
Les associations réclament la réquisition de sept bâtiments inoccupés dans la capitale, dont « une partie de l’Hôtel-Dieu à l’abandon ou encore un immeuble laissé vacant depuis 20 ans », précise Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL, joint par InfoMigrants. « D’après les chiffres de l’Insee, trois millions de logements sont vides en France, dont 400 000 en Ile-de-France et 117 000 à Paris », continue le militant qui défend les mal-logés depuis une trentaine d’années.
En attendant ces réquisitions, dont les dernières datent de la fin des années 90, des centaines de migrants continuent de vivre sur les trottoirs du nord de Paris, dans le froid et en pleine crise sanitaire.
Entre 300 et 400 migrants dans la rue
Depuis l’évacuation violente des exilés place de la République le 23 novembre, environ 500 personnes ont été prises en charge par l’État dans des hébergements d’urgence. Mais pour les associations, c’est largement insuffisant, notamment car la totalité de ceux qui vivent dehors n’étaient pas présents à République.
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« On estime qu’il reste entre 300 et 400 migrants dans la rue ou dans des squats », affirme à InfoMigrants Kerill Theurillat, coordinateur d’Utopia 56 à Paris. Ce dernier redoute que ce nombre ne soit en réalité plus élevé. « C’est dur d’avoir des chiffres précis car [les exilés] sont dispersés dans plusieurs villes du nord de la capitale », ajoute-t-il.
Parmi eux, Suhail*, un demandeur d’asile de 21 ans contacté par InfoMigrants. Le jeune Afghan vit sous une tente au niveau de la porte de la Villette, dans le nord de Paris. « Il y a de l’eau sous nos tentes. On va mourir de froid ici, si ce n’est pas du coronavirus », souffle-t-il.
Les associations redoutent le déconfinement
En plus de leur situation précaire, les migrants sont obligés de se cacher pour éviter « le harcèlement policier » qu’ils disent subir, explique Utopia 56. Ils s’installent dans des endroits reculés de Seine-Saint-Denis, loin des habitations et des lieux de passage pour éviter de croiser les forces de l’ordre, qui n’ont de cesse de les déloger.
Pour pouvoir continuer à atteindre les personnes migrantes, les associations doivent s’adapter. En plus de ses distributions de repas organisées porte d’Aubervilliers, le collectif Solidarité migrants Wilson sillonne le nord de Paris en moto pour apporter des collations aux migrants disséminés en périphérie de la capitale.
En outre, la fin du confinement, annoncée pour le mardi 15 décembre, inquiète les humanitaires. « Certains migrants hébergés dans des structures d’urgence ont été informés de leur remise à la rue mardi », signale Kerill Theurillat, qui déplore, qu’une fois de plus, « aucune solution ne soit proposée par les autorités pour mettre fin au cycle infernal des campements. »
Sources : https://www.infomigrants.net/