Une enquête menée par plusieurs médias britanniques révèle des cas de harcèlement sexuel contre des demandeuses d’asile logées dans des hôtels. Plusieurs d’entre elles disent « ne pas se sentir en sécurité ». Selon The Guardian, le ministère de l’Intérieur britannique, informé de ces agissements, a été sommé de mener une enquête.
Le ministère britannique de l’Intérieur est sous pression. Alors que quelque 6 000 demandeurs d’asile sont actuellement hébergés dans des hôtels, un article du quotidien britannique The Guardian datant du 21 février, reprenant les éléments d’enquête des journaux The Observer et ITV News, affirme que des demandeurs d’asile y sont victimes d’harcèlement sexuel et d’intimidation.
Selon The Observer et ITV News, des demandeurs d’asile sont menacés par le personnel des lieux et des « femmes exploitées sexuellement à l’intérieur des hôtels ». Elles disent « ne pas se sentir en sécurité ».
« Le personnel utilise la clé principale pour entrer dans ma chambre », explique l’une d’elle à la presse. « Ils nomment les femmes avec des termes inappropriés… Ce comportement déplacé et cette violation de la vie privée me met mal à l’aise ».
Un membre du personnel d’un hôtel, géré par l’entreprise Clearsprings Ready Homes – qui a été engagé par le ministère de l’Intérieur afin de proposer des solutions d’hébergement à court terme pour les demandeurs d’asile – a également admis qu’il avait eu connaissance « d’au moins un collègue qui avait eu des relations sexuelles avec une demandeuse d’asile alors que cela était interdit », écrit encore The Guardian.
Maddie Harris de l’ONG Humans for rights network, un groupe qui documente les violations des droits des demandeurs d’asile, rapporte de son côté des allégations « d’une source fiable selon lesquelles des femmes étaient abusées dans un hôtel de Londres ».

« Gardés comme des criminels »
Au delà des accusations d’agressions sexuelles, la chaîne ITV News explique que les conditions de vie des demandeurs d’asile sont catastrophiques. Hébergé dans un hôtel de la capitale, un Iranien explique qu’ils y sont gardés « comme des criminels » et que « chaque jour, nous sommes de plus en plus malades, mentalement et physiquement ».
En janvier, ITV News avait déjà révélé que des demandeurs d’asile logés dans le quartier de Earls Court à Londres se rendaient à la banque alimentaire pour tenter de trouver de quoi manger. « La nourriture qu’ils reçoivent n’est pas bonne et il n’y en a pas en quantité suffisante », affirme un représentant de cet organisme.
L’entreprise Clearsprings Ready Homes, gestionnaire de la plupart de ces hôtels est sous le feu des critiques. Certains de ses employés disent travailler 12 heures par jour, six jours par semaine, pour un salaire de 5,77£ de l’heure (environ 7 euros/heure).
Le week-end dernier, l’entreprise a annoncé une enquête « approfondie » sur ces allégations.
« Un logement sûr pour tous les demandeurs d’asile »
La députée conservatrice de Kensington, Felicity Buchan, a déclaré à ITV News que la politique du ministère de l’Intérieur était de fournir « un logement sûr et sécurisé à tous les demandeurs d’asile » et qu’une ligne d’assistance téléphonique était disponible 24 heures sur 24. Elle reconnaît toutefois avoir été mise au courant de certaines plaintes concernant la nourriture dans « un ou deux hôtels de Earls Court « .
« Le logement est payé par le contribuable et ne sera pas du très haut de gamme. En revanche, il est évident que les entreprises doivent répondre à certains standards », a expliqué la députée.

Selon The Guardian, le ministère de l’Intérieur, informé de ces agissements, a été sommé de mener une enquête.
Des mois sans réponses à leur dossier
Dans un autre reportage diffusé par la chaîne de télévision ITV News, plusieurs demandeurs d’asile, dont des familles avec des enfants en bas âge, disent attendre depuis des mois des réponses à leur dossier d’asile.
« Il y a des gens qui sont ici depuis cinq, six ou sept mois, sans jamais avoir été contacté par les autorités », explique un demandeur d’asile irakien. « C’est comme si on était en prison », ajoute l’homme qui vit dans un hôtel près de l’aéroport de Heathrow, à l’est de Londres.
D’après ITV News, le Royaume-Uni compte actuellement plus de 60 000 personnes en attente d’une décision pour leur demande d’asile.
Stella affirme, elle, n’avoir reçu aucune nouvelle de l’instruction de son dossier depuis deux ans. « Je ne dors pas, j’ai l’impression de ne pas exister. Je souffre de dépressions et le passé me hante. », souffle-t-elle.
Londres botte en touche et agite le drapeau de la crise sanitaire pour expliquer les retards pris dans les traitement des dossiers. « La pandémie a eu un impact énorme sur le système d’asile », assure Chris Philip, le ministre de l’Immigration. Le gouvernement britannique prévoirait de faire passer cette année encore une nouvelle législation censée rendre le système plus efficace.
Sources : https://www.infomigrants.net/