La construction d’un nouveau camp pour migrants à Lesbos cristallise les tensions entre l’île grecque et Athènes
Quatre personnes ont été arrêtées mardi pour avoir dégradé du matériel de chantier sur le futur camp de migrants de Lesbos, en Grèce. Ce nouveau centre fermé, à Vastria, dans le nord de l’île, devrait voir le jour en septembre 2022 et abriter quelque 3 000 demandeurs d’asile. Les habitants de Lesbos s’opposent à ce projet.
Les autorités grecques ont annoncé l’arrestation mardi 8 février de quatre personnes accusées de dégradation de matériel de chantier utilisé pour la construction d’un nouveau camp de migrants à Lesbos.
Une manifestation avait eu lieu ce jour-là pour s’opposer au nouveau site de Vastria qui servira de nouveau centre pour migrants, à 30 kilomètres au nord de la capitale de l’île Mytilène. Les personnes arrêtées sont accusées d’avoir mis le feu à des engins de terrassement. Six autres personnes qui auraient participé aux violences ont été identifiées.
Le nouveau camp de Vastria cristallise les tensions, les habitants de Lesbos ne supportant plus que leur île serve de lieu de transit à des milliers de migrants voulant entrer dans l’Union européenne en provenance de Turquie. Les autorités locales soutiennent les manifestations et ont menacé d’amener le gouvernement national grec devant les tribunaux pour tenter d’arrêter le projet.
Une ouverture sans cesse repoussée
Le nouveau camp tarde à voir le jour. Estimé à 87,5 millions d’euros, le site de Vastria devrait être achevé d’ici septembre 2022 et abriter jusqu’à 3 000 migrants et demandeurs d’asile. Sa construction avait été annoncée en septembre 2020, et son ouverture initialement prévue à l’été 2021… Mais elle a sans cesse été repoussée. Les autorités grecques ont promis que ce nouveau camp fermé garantirait des conditions de vie « décentes » aux demandeurs d’asile.
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Vastria viendra remplacer le camp de Moria détruit en 2020 par un immense incendie. Selon les autorités grecques, les feux avaient été allumés intentionnellement par les résidents du camp. Au mois de juin 2021, quatre jeunes demandeurs d’asile afghans avaient été condamnés.
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En attendant l’ouverture de Vastria, les demandeurs d’asile sont actuellement hébergés dans un camp, présenté au départ comme « temporaire », appelé Kara Tepe ou Mavrovouni. Certains l’appellent aussi Moria 2.0. Il a doublé de taille au fil des mois et abrite désormais quelque 3 500 personnes dans des conditions déplorables, selon les ONG.
L’Union européenne finance également de nouveaux camps (dont certains sont toujours en cours de construction) sur les autres îles grecques qui font face à la côte turque (Samos, Chios, Kos, Leros). La liberté de mouvement est restreinte sur ces nouveaux sites, suscitant les critiques des groupes de défense des droits de l’Homme.
L’île de Lesbos a été le point d’entrée le plus actif dans l’Union européenne en 2015-2016 lorsque des centaines de milliers de personnes fuyant les guerres en Syrie et en Irak ont afflué vers l’ouest depuis la Turquie.
Source: https://www.infomigrants.net