Le leader italien d’extrême droite Matteo Salvini, en campagne pour les législatives du 25 septembre, s’est rendu jeudi sur l’île de Lampedusa, qui continue d’enregistrer des milliers d’arrivées de migrants. L’ancien ministre de l’Intérieur plaide pour une délocalisation en Afrique du nord des centres d’enregistrement de demandes d’asile.
« Lampedusa ne peut pas être le camp de réfugiés de l’Europe. » Deux ans après son départ du pouvoir, le leader italien d’extrême droite Matteo Salvini n’a pas changé son discours d’un iota. En campagne pour les législatives du 25 septembre en Italie, il a choisi, jeudi 4 août, l’île de Lampedusa pour défendre sa politique antimigrants.
« Qui a le droit de venir en Italie, vient en avion, pas sur une embarcation au risque de sa vie. Qui n’a pas le droit, ne vient pas », a affirmé le leader de la Lega (« La Ligue », parti de Salvini).
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Au rang de ses promesses de campagne, Matteo Salvini, habitué aux annonces choc, a déclaré souhaiter que les demandes d’asile se fassent désormais depuis des centres à partir des pays d’émigration, en Afrique du Nord, et non plus sur le sol italien.
« Cacher” les migrants de Lampedusa
Ces derniers jours, conséquence de la météo clémente en Méditerranée, des dizaines d’embarcations précaires et surchargées sont entrées dans les eaux de Lampedusa, un rocher de 20 km² situé à une centaine de kilomètres à l’est des côtes tunisiennes. Sur la petite île, le centre d’accueil est régulièrement submergé.
En juillet, les lieux, dans un état déplorable, ont été évacués suite à une polémique. Le 8 juillet, l’ancienne maire de Lampedusa Giusi Nicolini avait publié sur Facebook une série de photos et vidéos choquantes, montrant l’intérieur du centre croulant sous les ordures, avec des exilés contraints de dormir à l’extérieur sur des matelas en mousse. Plus de 1 850 personnes, dont des enfants et quatre femmes enceintes, se trouvaient alors dans ce centre, prévu pour en accueillir 350.
Jeudi matin, jour de la venue de l’ancien ministre de l’Intérieur, des centaines de migrants ont à nouveau été évacués pour être acheminés vers la Sicile en bateau, Salvini accusant les autorités de vouloir les « cacher » avant son arrivée.
Poursuites pour séquestration et abus de pouvoir
Le sénateur italien a fait de l’arrêt de l’immigration et de la fermeture des frontières la pierre angulaire de son programme. Alors qu’il était ministre de l’Intérieur en 2019, Salvini avait prôné une politique des « ports fermés » et empêché plusieurs navires humanitaires transportant des migrants de débarquer en Italie.
Cette décision lui vaut des poursuites en Sicile pour séquestration et abus de pouvoir.
Malgré tout, l’alliance formée par le parti de Salvini, la Lega, composée de Forza Italia (droite) et Fratelli d’Italia (nationaliste), est donnée favorite aux prochaines législatives, face à une gauche fragmentée.
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La Méditerranée centrale est la voie migratoire la plus meurtrière au monde, avec près de 20 000 morts et disparitions depuis 2014, selon l’Organisation internationale pour les migrations.
L’Italie a enregistré plus de 42 000 débarquements de migrants depuis le 1er janvier, contre près de 30 000 au cours de la même période l’année dernière et 14 400 en 2020. Et le rythme ne semble pas devoir ralentir. Les ONG SOS Méditerranée, Médecins sans frontières et Sea-Watch ont secouru plus de 1 000 personnes en mer ces derniers jours. Dans une déclaration conjointe diffusée mercredi, les organisations ont appelé l’Union européenne à reprendre ses activités de recherche et de secours pour les aider à répondre à l’afflux de migrants.
Source: http://www.infomigrants.net