Royaume-Uni : les premiers migrants s’installent dans la barge flottante « Bibby Stockholm »
Attendus depuis une semaine, après un retard de dernière minute, les premiers demandeurs d’asile se sont installés lundi dans l’immense barge flottante amarrée à l’île de Portland, dans le Dorset. Le bâtiment, qui fait polémique, devrait à terme abriter 500 migrants dans l’attente de l’examen de leur situation administrative. Cet hébergement a été conçu afin de réduire les placements en hôtel, jugés trop couteux.
Les premiers demandeurs d’asile au Royaume-Uni ont pu embarquer sur la barge flottante « Bibby Stokholm » sur l’île de Portland (Dorset), lundi 7 août, après un retard d’une semaine.
Alors qu’ils devaient initialement intégrer leur nouveau logement la semaine dernière, un contrôle de dernière minute portant sur les alarmes incendies a révélé des failles dans le dispositif de sécurité et retardé l’embarquement. Une semaine plus tard, cet incident semble clos.
At the Chine Hotel in Bournemouth an asylum seeker has told me all but 1 of the 9 people, who were supposed to get on the coach from here to the #BibbyStockholm have boarded the coach. pic.twitter.com/q3hLB64GBA— Michele Cross (@BBCMicheleC) August 7, 2023
Il est pour l’instant difficile de savoir combien de demandeurs d’asile sont montés à bord du bâtiment, mais une journaliste de la chaîne de télévision britannique publique BBC a vu un grand autocar bleu partir vers 12h40 avec quelques passagers à son bord : « À l’hôtel China de Bournemouth, un demandeur d’asile m’a dit que toutes les personnes sauf une, sur les 9 qui étaient censées monter dans le car pour #BibbyStockholm, sont montées dans le car ».
Jusqu’à 500 passagers accueillis entre 3 et 6 mois
Longue de 93 mètres et large de 27, la barge flottante est censée accueillir jusqu’à 506 demandeurs d’asile hommes âgés de 18 à 65 ans, pendant 3 à 6 mois, le temps que leur situation administrative soit examinée. Deux autres barges sont censées entrer en service dans les mois à venir.
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Cette stratégie, conçue par le gouvernement britannique du Premier ministre conservateur Rishi Sunak, est censée permettre de diviser par deux la facture de l’hébergement en hôtel ou en hébergement privé des 130 000 demandeurs d’asiles qui attendent une première décision sur leur cas au Royaume-Uni. Cette facture s’élevait jusqu’à présent à 6 millions de livres (7 millions d’euros) par jour, soit 2,3 milliards de livres (2,7 milliards d’euros) par an.
Des barges décrites comme des « prisons flottantes »
Le gouvernement britannique se heurte à de nombreuses critiques sur ce projet. Les barges flottantes ont été décrites par l’opposition et les associations d’aide au migrants comme des « prisons flottantes » qui pourraient réactiver des traumatismes chez de nombreux migrants ayant vécu des traversées maritimes cauchemardesques.
Plus de 50 organisations nationales et militantes, dont le Conseil des réfugiés, Asylum Matters et Refugee Action, ont qualifié le programme du gouvernement de « cruel et inhumain », arguant que cette barge proposait des « conditions proches de la détention ». Le gouvernement assure, lui, que les demandeurs d’asile pourront aller et venir à leur guise dans le bâtiment.
Rishi Sunak et sa ministre de l’Intérieur Suella Braverman ont eu du mal à trouver des régions favorables à l’accueil de ces barges d’hébergement pour demandeurs d’asile. Tous deux espèrent que le programme pilote dans le Dorset convaincra de nouveaux territoires. Selon la BBC, deux sites à côté de l’aéroport de London City et sur la rivière Mersey à Wirral ont déjà été rejetés.
Une politique d’immigration très agressive mais critiquée
Désigné en octobre 2022 par les membres du parti conservateur, Rishi Sunak a fait de la lutte contre l’immigration clandestine sa priorité. En plus des barges flottantes, le gouvernement britannique a prévu de faire accueillir des milliers de demandeurs d’asile dans des bases militaires désaffectées ou sous des tentes, toujours dans une logique de réduction des coûts. Il a aussi prévu d’expulser au Rwanda une partie des demandeurs d’asile arrivés illégalement, un projet pour l’instant bloqué par la justice.
Five things I’m doing to stop the boats? pic.twitter.com/X5q2hfUE3X— Rishi Sunak (@RishiSunak) August 7, 2023
En juillet, il a fait adopter une loi interdisant aux migrants ayant effectué la périlleuse traversée de la Manche – ils étaient plus de 45 000 en 2022 et sont déjà près de 15 000 en 2023 – de demander l’asile au Royaume-Uni. Une mesure contraire à la Convention de Genève ratifiée par le royaume, et dénoncée jusqu’aux plus hautes instances internationales comme l’ONU. Ces décisions radicales qui pourraient coûter cher aux conservateurs, à un an de la prochaine élection générale de 2024.
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Par ailleurs le gouvernement britannique finance largement les effectifs et le matériel utilisé pour surveiller le littoral français afin d’empêcher les départs en bateau depuis les plages du Nord et du Pas-de-Calais. Malgré un renforcement sans précédent des effectifs sur place, les tentatives de traversées restent à un niveau élevé depuis le début de l’année. Lors des deux derniers mois, plus de 8 150 migrants ont tenté de traverser la Manche contre 7 700 sur la même période en 2022, selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.
Sources : https://www.infomigrants.net/