De violents heurts imputés à l’extrême droite ont éclaté jeudi soir à Dublin après une attaque au couteau qui a fait plusieurs blessés, dont trois enfants, dans la journée. Les émeutes se sont déroulées dans un quartier où vit une population immigrée, sur fond de rumeurs sur l’origine de l’assaillant.
La capitale irlandaise se réveille choquée ce matin du vendredi 24 novembre. Dans la soirée de la veille, Dublin a été le théâtre de violents affrontements d’une ampleur inédite depuis « des décennies » selon les mots du responsable de la police irlandaise (Garda), Drew Harris. « Ce que nous avons vu hier soir était une extraordinaire explosion de violence », a-t-il déploré.
Aux alentours de 19h, des centaines de personnes, capuches sur la tête et pour certaines un masque sur le bas du visage, se sont rassemblées dans un quartier où vit une population immigrée. C’est ici que plus tôt dans la journée, une attaque au couteau devant une école a fait cinq blessés, dont trois enfants.
Des « rumeurs » répandues « à des fins malveillantes »
Une rumeur sans fondement diffusée sur les réseaux sociaux a rapidement semé le chaos : l’assaillant serait d’origine algérienne. La police avait pourtant simplement indiqué qu’il s’agissait d’un homme d’une cinquantaine d’année. Les faits survenus en tout début d’après-midi, où une femme et une petite fille ont été grièvement blessés « ne sont pas encore clairs », a insisté le commissaire Drew Harris, déplorant des « rumeurs » et « insinuations » répandues « à des fins malveillantes ». Le motif terroriste a toutefois été écarté par les enquêteurs.
Des propos qui n’ont pas calmé la foule. Au son de slogans tels que « Irish lives matter » (en français « les vies irlandaises comptent », en référence à « Black lives matter » aux États-Unis), les émeutiers ont lancé des tirs de mortiers et des projectiles en direction des forces de l’ordre. Plusieurs véhicules, dont une voiture de police et un bus, ont été incendiés et des magasins ont été pillés.
Sur les réseaux sociaux, des vidéos amateurs montrent de jeunes individus, drapeaux irlandais autour de la taille, détruire à coups de poing et de bâtons des véhicules de police. Des témoignages, impossibles à vérifier pour l’instant, indiquent qu’un centre pour migrants a également été incendié.
Vers 22h, le calme était revenu dans la capitale irlandaise, après des faits qualifiés de « sauvagerie gratuite » par le commissaire divisionnaire Patrick McMenamin.
« Faction de hooligans dingues mus par une idéologie d’extrême droite »
Drew Harris, le responsable de la Garda, a évoqué une « faction de hooligans dingues mus par une idéologie d’extrême droite ». Aucun blessé grave n’a été signalé malgré les « attaques » qui ont visé les forces de l’ordre, a ajouté le responsable, précisant que jusqu’à 400 policiers ont été mobilisés pour mettre fin aux heurts.
« Nous ne tolérerons pas qu’un petit nombre utilise des faits épouvantables pour semer la division », a déclaré dans un communiqué la ministre de la Justice Helen McEntee, appelant au « calme ». Elle a en outre prévenu que les attaques contre la police doivent être « condamnées » et seront traitées « avec sévérité ». La police a annoncé avoir procédé à 34 interpellations.
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Confronté à une crise du logement, le pays a vu se développer sous l’influence de figures d’extrême droite un discours anti-immigration selon lequel « l’Irlande est pleine ».
En début d’année, plusieurs rassemblements anti-migrants avaient eu lieu à Dublin et dans de petites villes de l’île d’Émeraude. Le 24 mars, un bus avait été bloqué par une foule en colère à l’entrée du centre d’accueil de Colum Barracks – une ancienne caserne fermée depuis 2012 – à Mullingar (à 80 km de Dublin), où le ministère de l’Intégration avait annoncé que 120 demandeurs d’asile seraient hébergés. « Sortez de notre ville », « Vous n’entrerez pas », furent quelques-uns des slogans criés pendant le rassemblement.
Sources : https://www.infomigrants.net/