Dans un nouveau décret adopté mercredi en Conseil des ministres, le gouvernement italien a approuvé une série de mesures visant à durcir les conditions d’accueil des migrants. Le texte prévoit d’héberger des mineurs avec des majeurs, d’augmenter le nombre de migrants dans les centres de rétention ou encore d’expulser des personnes en situation régulière qui représentent une menace de trouble à l’ordre public.
Moins de deux semaines après un afflux record d’arrivées de migrants sur l’île italienne de Lampedusa – 10 000 personnes en quelques jours – Rome durcit encore un peu plus le ton. Le gouvernement italien de la Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni a approuvé, mercredi 27 septembre en Conseil des ministres, un nouveau décret visant à limiter les droits des exilés. Le texte, qui prend effet immédiatement, doit être ratifié par le Parlement d’ici deux mois.
>> À (re)lire : La solidarité européenne à l’épreuve de l’afflux migratoire à Lampedusa
Le gouvernement entend faciliter les renvois d’étrangers, y compris ceux en situation régulière en Italie. Avec ce nouveau texte, les personnes « titulaires d’un titre de séjour pour résident de longue durée » peuvent désormais être expulsés, si les autorités estiment qu’elles « représentent une menace de trouble à l’ordre publique », peut-on lire dans le document que s’est procuré la presse italienne.
Les mineurs en ligne de mire
Un autre volet du décret se concentre sur les mineurs. Le texte stipule qu’en cas « d’indisponibilité temporaire des structures d’hébergement », les exilés de plus de 16 ans seront hébergés dans des centres réservés aux adultes pour une durée n’excédant pas trois mois. Par ailleurs, si un étranger est reconnu coupable d’avoir menti sur sa minorité, il s’exposera à une expulsion du territoire italien. Pour ce faire, la police se voit accorder des pouvoirs élargis afin d’évaluer l’âge des migrants.
Le décret permet également d’héberger jusqu’à deux fois plus d’étrangers dans les centres de rétention, si le pays est confronté à un important afflux de migrants.
>> À (re)lire : Prolongement de la durée de détention, ouverture de centres de rétention… l’Italie durcit le ton contre les migrants irréguliers
Depuis son arrivée au pouvoir l’an dernier, Giorgia Meloni a fait de la lutte contre l’immigration irrégulière sa priorité et a multiplié les mesures pour tenter de stopper le phénomène. En janvier, le gouvernement a restreint les activités des navires de sauvetage en Méditerranée, qu’il accuse d’encourager les arrivées de migrants.
Il cherche aussi à favoriser le rapatriement des personnes non éligibles à l’asile, notamment en construisant de nouveaux centres de détention et en y prolongeant la durée de détention.
Un autre décret paru la semaine dernière au journal officiel prévoit également que les demandeurs d’asile en recours et en attente d’une décision versent une caution de 5 000 euros, sous peine d’être envoyés dans un centre de détention.
« Nous espérions mieux en matière d’immigration »
Autant de mesures qui ne découragent pas les migrants de trouver refuge en Italie. Depuis le début de l’année, les arrivées ont explosé dans le pays : plus de 130 000 personnes ont débarqué sur les côtes italiennes, contre 70 000 pour la même période de 2022, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.
Giorgia Meloni, qui a été élue sur la promesse d’endiguer l’immigration clandestine, a été forcée de reconnaître son échec. Lors d’une interview télévision à la chaine TG1, diffusée samedi 24 septembre, la Première ministre a admis qu’elle avait escompté de meilleurs résultats.
« C’est clair que nous espérions mieux en matière d’immigration alors que nous avons travaillé si dur », a-t-elle dit. « Les résultats ne sont pas ceux que nous espérions. Il s’agit certainement d’un problème très complexe, mais je suis sûre que nous irons au fond des choses ».
Sources : https://www.infomigrants.net/