En deux jours, plus de 700 migrants ont débarqué au Royaume-Uni après avoir traversé la Manche. Lundi, 401 personnes ont ainsi été accueillies au port de Douvres, soit le chiffre le plus haut depuis le 1er janvier. Pour faire face, Paris et Londres ont annoncé un nouveau, et énième, partenariat.
Nouveau record de traversées. En deux jours 728 migrants ont traversé la Manche en direction du Royaume-Uni.
Lundi 4 mars, 401 personnes réparties sur sept embarcations ont débarqué sur les côtes anglaises, soit le chiffre le plus élevé depuis le début de l’année.
Le même jour, en début de soirée, une opération d’assistance et de sauvetage a été menée côté français auprès de 63 migrants « en difficulté au large de Gravelines », annonce la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord dans un communiqué. « L’ensemble des naufragés ont été pris en charge par l’équipage » du navire de sauvetage Minck, affrété par l’État, avant d’être ramenés ce mardi matin « au port de Calais ».
La veille, le 3 mars, 327 personnes réparties sur huit embarcations et secourues dans les eaux britanniques ont été emmenées au port de Douvres. Le même jour, les autorités françaises ont porté secours à 78 exilés en détresse près de leurs côtes.
Depuis le début de l’année, 2 983 migrants ont effectué la traversée, selon les dernières données du Home Office.
Si la plupart des exilés atteignent le littoral anglais sans encombre, les drames restent nombreux sur cette route migratoire. Le 3 mars toujours, une fillette de 7 ans est morte noyée après le naufrage de son embarcation dans le canal français de l’Aa, à l’embouchure de la mer du Nord. Seize migrants, dont dix enfants âgés de sept à treize ans, se trouvaient à bord, selon le parquet de Dunkerque. Les parents de la victime, et leurs trois autres enfants, étaient également dans le canot.
Celui-ci « n’était pas dimensionnée pour supporter autant de personnes », a affirmé la préfecture du Nord dans un communiqué.
Ce drame est le troisième ayant entraîné des décès en 2024 lors de tentatives de traversée de la Manche pour rejoindre l’Angleterre. Depuis le début de l’année, déjà neuf personnes sont mortes noyées en tenant de rejoindre les côtes anglaises.
Nouveau partenariat
Le lendemain du drame, Paris et Londres ont annoncé mener un nouveau partenariat douanier destiné à « perturber la chaîne d’approvisionnement » en petites embarcations utilisées par les passeurs pour les traversées illégales de migrants dans la Manche. Cette initiative a été au cœur d’une réunion lundi à Bruxelles du « groupe de Calais » où, selon le Home Office, le ministre britannique de l’Intérieur James Cleverly s’est entretenu avec des représentants de France, Belgique, Allemagne et Pays-Bas, en présence de la Commission européenne et de ses agences.
Le but de l’initiative ? « Partager des informations plus efficacement [entre pays participants] pour perturber les cargaisons de composants de petites embarcations ».
« Travailler étroitement avec nos voisins européens est fondamental pour résoudre la crise de l’immigration clandestine », a déclaré James Cleverly, pour qui ce nouveau partenariat démontre l’engagement de Londres à « casser le modèle économique » des passeurs et « arrêter les bateaux », priorité affichée du Premier ministre Rishi Sunak. Les « détails » de l’initiative seront discutés « en avril », a indiqué le ministère britannique de l’Intérieur dans un communiqué.
Depuis des années, la France et le Royaume-Uni multiplient les mesures pour empêcher les traversées de la Manche. En mars 2023, les deux États ont signé un énième accord pour le déploiement de patrouilles supplémentaires côté français notamment. Coût du dispositif pour Londres : près de 500 millions d’euros.
Outre-Manche, le projet de loi sur les expulsions de demandeurs d’asile au Rwanda est toujours en discussion à la Chambre des Lords. Les députés s’écharpent notamment sur la notion de « pays sûr » attribué au pays d’Afrique des Grands Lacs par le nouveau partenariat signé par les deux pays en janvier. Malgré les nombreuses critiques qui visent la mesure de la part des ONG comme d’une partie de la classe politique britannique, le gouvernement l’assure : les premiers vols vers Kigali décolleront « au printemps ».
Sources: https://www.infomigrants.net/