Espagne : plus de 700 migrants secourus au Baléares, en quatre jours
En quatre jours, plus de 700 personnes ont débarqué dans l’archipel espagnol des Baléares. Afin de mieux les accueillir, les autorités régionales appellent le gouvernement central à changer la loi pour augmenter les transferts des exilés dans d’autres régions d’Espagne.
Plus de 700. C’est le nombre de migrants secourus aux Baléares en seulement quatre jours. Entre lundi 4 et jeudi 7 novembre, 704 personnes exactement ont été prises en charge par la Guardia civil et la Salvamento maritimo, en charge du sauvetage en mer en Espagne. La très grande majorité sont originaires du Maghreb, affirment les autorités.
Dans le détail : jeudi, 41 migrants ont été secourus, et 418 pour la seule journée de mercredi, au large de Formentera, Majorque, Ibiza et Cabrera. Mardi, ce sont 218 exilés qui ont été pris en charge par les services de sauvetage espagnols et 27 lundi.
Depuis août, le nombre de personnes secourues en 2024 a déjà dépassé celui enregistré pour toute l’année dernière, lorsque 2 194 migrants avaient débarqué dans l’archipel. Jusqu’ici cette année, plus de 4 400 exilés sont arrivés aux Baléares après une traversée de la Méditerranée.
Des tentes pour les nouveaux arrivants
Ces arrivées ont récemment poussé le gouvernement des îles à refuser les transferts de migrants en provenance d’autres régions d’Espagne, faute de places. L’île de Majorque, saturée, a installé des tentes pour accueillir les nouveaux arrivants. En août, un abri appartenant à l’Évêché de Majorque a ouvert pour héberger des mineurs. Et en juillet, un étage d’une maison de retraite avait aussi été réquisitionné pour accueillir une quarantaine de nouveaux arrivants.
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Le président de la région Alfonso Rodríguez a appelé à plus de soutien de ses homologues pour l’accueil des nouveaux arrivants. « Le gouvernement espagnol demande à l’opposition de reconsidérer l’accueil des mineurs non accompagnés, via la réforme de la loi Immigration », a-t-il rappelé cette semaine.
La modification de l’article 35 de cette loi, déposée au Parlement, acterait l’accueil obligatoire des mineurs non accompagnés dans les différentes structures du pays (sur le continent), lorsqu’un territoire (comme les Canaries ou les enclaves Ceuta et Melilla) dépasse 150% de sa capacité d’accueil. Mais la droite et l’extrême droite s’opposent à cette disposition.
« Il est nécessaire de garantir une répartition solidaire entre les communautés autonomes [ou régions] lorsque certains centres sont surpeuplés », avait également défendu en septembre le secrétaire d’État à la Jeunesse et à l’Enfance des Baléares, Rubén Pérez. « Nous défendons les transferts solidaires parce que nous ne voulons pas que la recherche d’espace pour accueillir les mineurs soit chronique « , a-t-il expliqué.
Un souhait partagé par le président de la région des Canaries, Fernando Clavijo. Mardi, le dirigeant de l’archipel, qui concentre la grande majorité des arrivées de migrants en Espagne, a une nouvelle fois exhorté les députés à voter la réforme de l’article 35 de la loi Immigration. Si la mesure était validée, elle avaliserait le transfert de près de 6 000 mineurs hébergés aux Canaries, dans d’autres régions d’Espagne.
Depuis quelques semaines cependant, les négociations autour de cette réforme sont à l’arrêt, à cause des désaccords entre les différents partis politique sur son application.
Embarcations inadaptées
Si la route des Baléares est bien moins empruntée que celle des Canaries, elle reste tout même la solution envisagée par de nombreux Algériens en quête d’une vie meilleure. Aux côtés parfois de quelques passagers marocains, syriens ou subsahariens, ils embarquent dans de petits bateaux en fibre de verre depuis Alger, Oran, Mostaganem ou Tipaza.
Mais ces embarcations ne sont pas adaptées à ce type de traversée. Les naufrages sur cette route sont réguliers. Sur les cinq premiers mois de l’année 2024, 175 personnes, parties d’Algérie et voulant gagner l’Espagne via les Baléares ou le sud de la péninsule, sont mortes en mer, d’après l’ONG espagnole Camindando Fronteras.
Sources: infomigrants.net