actualitéACTUALITESINTERNATIONALRSS SCROLLER

Les familles séparées pendant la traversée de la Manche ne peuvent pas être réunies au Royaume-Uni, selon la justice

Après avoir été séparés de leurs enfants de 9 et 6 ans lors de la traversée de la Manche, deux parents kurdes ont intenté une action en justice afin d’obtenir le droit de venir légalement au Royaume-Uni pour retrouver leur famille. Leur demande a été finalement refusée par une Cour d’appel britannique.

La justice britannique a refusé ce lundi la demande de réunification d’une famille kurde qui avait été séparée lors de la traversée de la Manche, rapporte le Guardian. En juillet dernier, deux parents kurdes – qui ont fui la Turquie à cause des persécutions à l’encontre de leur communauté – étaient à bord d’un « small boat » avec leurs deux enfants lorsqu’une bagarre a éclaté dans l’embarcation qui faisait route vers le Royaume-Uni.

A lire aussi
« Tout le monde avait peur que le canot coule » : le Royaume-Uni, toujours attractif malgré les dangers

Emportée par les heurts, la mère de famille est tombée à l’eau. Son mari s’est ensuite jeté par-dessus bord pour la sauver, mais ils n’ont pas pu remonter, selon leurs témoignages. Leurs deux enfants ont donc atteint seuls le Royaume-Uni. À leur arrivée, les deux mineurs ont été pris en charge et placés dans une famille d’accueil avant de renouer le contact par téléphone avec leurs parents au bout de quelques jours.

Action en justice

Les parents ont intenté une action en justice afin d’obtenir le droit de se rendre au Royaume-Uni de manière légale et retrouver leurs enfants. Dans une première décision, un juge avait estimé que les parents devaient être autorisés à venir légalement au Royaume-Uni pour y déposer une demande d’asile, estimant que la séparation causait aux enfants « de la détresse et des dommages psychologiques ».

Mais craignant que cette décision fasse jurisprudence et incite les passeurs à faire embarquer plus d’enfants dans leurs embarcations, le ministère de l’Intérieur britannique a décidé de faire appel. Et a obtenu gain de cause.

Lundi, une Cour d’appel britannique a revu la décision initiale et décidé de refuser la demande des parents kurdes. « Il est très triste que la séparation des enfants et de leurs parents se poursuive pendant au moins plusieurs semaines supplémentaires, ce qui semble désormais inévitable. Mais le secrétaire d’État a des raisons légitimes de refuser l’octroi de l’autorisation d’entrée », ont déclaré les juges.

A lire aussi
Manche : plus de 160 personnes secourues le jour de Noël

« Il n’existe tout simplement aucune preuve suggérant que le fait de permettre aux parents de retrouver leurs enfants au Royaume-Uni pourrait d’une quelconque manière ‘inciter’ les passeurs », a tancé Lou Calvey, directeur de l’association Asylum Matters, auprès du Guardian. Et d’ajouter : « Il est inconcevable que quiconque puisse réagir à une expérience aussi traumatisante pour ces enfants sans ressentir du chagrin. Ils étaient dans un petit bateau, dans une mer déchaînée, à regarder leurs parents lutter contre la noyade… Le fait que notre gouvernement, sachant cela, ait choisi de séparer ces enfants de leurs parents témoigne d’une insensibilité stupéfiante ».

Renvoi en France

« Nous examinons ce jugement et il serait inapproprié de commenter les procédures judiciaires en cours », a déclaré de son côté un porte-parole du ministère de l’Intérieur. Le Home Office souhaite d’ailleurs renvoyer les enfants en France. Des discussions en ce sens ont eu lieu entre la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper et son homologue Bruno Retailleau, qui a accepté un retour en France des deux enfants de 6 et 9 ans sans préciser de date.

A lire aussi
France : des centaines de personnes manifestent à Paris contre les politiques migratoires « répressives »

Un précédent cas de séparation durant la traversée avait déjà eu lieu en février 2023. Une mère de famille érythréenne avait été séparée de ses enfants après avoir échoué à monter dans l’embarcation à cause d’un mouvement de foule provoqué par la présence de policiers sur la plage. Après une procédure intentée – en vain – avec l’aide du cabinet d’avocats Duncan Lewis, la mère érythréenne avait fini par refaire la traversée de la Manche afin de rejoindre ses trois enfants de 5, 9 et 14 ans au Royaume-Uni.

« Les moments de détresse arrivent de plus en plus tôt »

Dans le nord de la France, les associations dénoncent des montées à bord des canots de plus en plus chaotiques. La préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord admet, elle aussi, qu’il y a une « évolution claire des prises de risques ».

Nombreux sont les migrants rencontrés par InfoMigrants à Calais et Dunkerque qui évoquent deux, trois, parfois plus, de départs ratés. Les causes sont nombreuses : canots surchargés, bousculades au moment des montées dans les embarcations, violences de la part des forces de l’ordre françaises lors des opérations d’interceptions sur les plages. « C’est dramatique ce qu’il se passe, les moments de détresse arrivent de plus en plus tôt, dès que les migrants arrivent sur la plage ou dès qu’ils entrent dans l’eau », avait détaillé Flore Judet, de l’Auberge des migrants. « On meurt noyé [en mer] mais aussi écrasé par les autres, étouffé ».

Au moins 73 candidats à l’exil sont morts en tentant de rejoindre l’Angleterre depuis le début de l’année, selon la préfecture du Pas-de-Calais. Cela fait de 2024 l’année la plus meurtrière depuis l’apparition du phénomène des « small boats » dans la Manche en 2018.

Sources: infomigrants.net

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page