En Espagne, le gouvernement conclut un accord sur la répartition des mineurs étrangers

Le Conseil des ministres espagnol a approuvé mardi un décret-loi qui doit permettre de modifier la loi sur l’immigration et de répartir sur l’ensemble des régions les mineurs non accompagnés qui arrivent dans les îles Canaries. Plus de 5 500 jeunes étrangers se trouvent sur cet archipel où les centres d’hébergement sont saturés.
C’est un dénouement positif après des mois de négociations. Mardi 18 mars, le Conseil des ministres espagnol a approuvé un décret permettant de modifier l’article 35 de la loi sur l’immigration. Cette modification rend ainsi possible « la création d’un système obligatoire de répartition des mineurs migrants dans les situations d’urgence telles que celles que connaissent actuellement les îles des Canaries et Ceuta », rapporte le média espagnol El Diario.
« Il s’agit d’une avancée pour la défense des droits humains » et de « l’intérêt supérieur des enfants », s’est félicité Ángel Víctor Torres, ministre de la Politique territoriale, à l’issue du Conseil des ministres, en rappelant que les régions recevant le plus de migrants réclamaient cette réforme depuis « 30 ou 40 ans ».
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Selon cet accord, « si une communauté autonome, quelle que soit sa région, triple sa capacité d’accueil habituelle, cette région pourra se déclarer en situation d’urgence migratoire. Cette communauté informera de sa situation afin que les mécanismes établis par ce décret-loi royal soient activés », a expliqué le ministre.
Critères de répartition
Pour établir le nombre de mineurs que chaque communauté autonome devra accueillir, le décret royal établit des critères objectifs tels que la population, le taux de chômage et le nombre de places prévues (sur la base du nombre de places créées ces dernières années et de l’attention apportée aux mineurs étrangers non accompagnés).
El Diario précise que le gouvernement a donné aux régions jusqu’à la fin du mois pour soumettre les données les concernant sur chacun de ces critères, « notamment le nombre de mineurs étrangers non accompagnés qu’elles accueillent actuellement, ainsi que les places structurelles que chaque système d’accueil a ouvertes à cet effet ».
Ces données permettront d’affiner la projection approximative qui a été définie pour le moment. Celle-ci prévoit que les régions qui devront recevoir le plus de mineurs seront la Communauté de Madrid, l’Andalousie et la Communauté de Valence. Tandis que d’autres comme la Catalogne, les îles Baléares et le Pays Basque seront les régions qui devraient accueillir le moins de mineurs.
Négociations sur la répartition
Les Canaries, archipel situé au large des côtes nord-ouest de l’Afrique, hébergent actuellement plus de 5 000 mineurs non accompagnés, pour une « capacité » de 900 places, a rappelé le ministre. Cela signifie qu’il faudra répartir plus de 4 000 personnes dans les autres régions espagnoles, a-t-il ajouté.
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La répartition des mineurs non accompagnés oppose depuis des mois le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez et l’opposition de droite, qui dirige bon nombre de régions.
Le gouvernement a annoncé cette réforme après être parvenu à un accord avec le parti indépendantiste catalan Junts, qui soutiendra le texte au Congrès, ce qui garantit en principe son approbation.
En 2024, 46 843 migrants sont arrivés aux Canaries, un chiffre supérieur au record de 2023 (39 910), malgré l’extrême dangerosité de la route maritime depuis la côte nord-ouest de l’Afrique, selon le ministère de l’Intérieur.
Depuis le début de l’année, les arrivées ont cependant diminué : au 15 mars, 9 062 migrants avaient ainsi atteint les Canaries, soit 25 % de moins que sur la même période de 2024, d’après le ministère.
Sources: infomigrants