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Un nouveau mort dans la Manche, le deuxième en moins de 24h

Un migrant est mort dans la nuit de mercredi à jeudi près de Gravelines, dans le nord de la France, alors qu’il tentait de traverser la Manche vers l’Angleterre. C’est le deuxième décès en moins de 24h dans cette zone maritime, et le huitième depuis le début de l’année.

À la faveur d’une météo clémente, les départs des côtes françaises s’accentuent et, dans le même temps, les drames s’enchaînent. Un homme est mort dans la nuit de mercredi 19 à jeudi 20 mars, alors qu’il tentait de rejoindre le Royaume-Uni via la Manche.

Mercredi, aux alentours de 23h30, une embarcation transportant environ 40 personnes est partie du port de Dunkerque (Nord), selon un communiqué de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar).

Un peu plus tard, vers 3h du matin, ce même canot a récupéré de nouveaux passagers à quelques kilomètres de là, sur le littoral de Gravelines. Quelques minutes après, les forces françaises ont porté « secours à trois personnes à l’eau en difficulté puis à un groupe de 12 personnes à bord de l’embarcation demandant à être évacuées », ajoute le communiqué.

Parmi ces naufragés, un exilé inconscient a été pris en charge par une équipe médicale hélitreuillée à bord du Ridens, un navire affrété par l’État français. « La prise en charge médicale n’a malheureusement pas permis de réanimer la personne inconsciente qui [a été] déclarée décédée », précise la Premar.

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Les rescapés ont quant à eux été débarqués au port de Gravelines, tandis que l’embarcation a continué sa route vers le Royaume-Uni sous la surveillance des autorités maritimes, avec environ 80 personnes à bord.

Une enquête a été ouverte par le parquet de Dunkerque.

En 2024, au moins 14 enfants dans la Manche

Ce nouveau drame intervient moins de 24h après un décès similaire dans cette même zone maritime. Mercredi matin, le corps d’un homme de 25 ans a été récupéré près d’Equihen-Plage (Pas-de-Calais) et trois migrants de la même embarcation ont été transportés à l’hôpital pour des blessures.

Au total, depuis le 1er janvier, on compte déjà huit personnes décédées dans des tentatives de traversées de la Manche vers le Royaume-Uni. L’année 2024 a connu des records avec 78 migrants morts dans ces eaux, selon l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim), et 82 d’après les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Dont au moins 14 enfants.

Des migrants dans la Manche, en direction des côtes britanniques, le 4 mai 2024. Crédit : Reuters
Des migrants dans la Manche, en direction des côtes britanniques, le 4 mai 2024. Crédit : Reuters

Pour les associations, cette hausse des drames s’expliquent par l’intensification de la surveillance policière à la frontière franco-britannique, qui forcent les exilés à prendre toujours plus de risques pour traverser la Manche, au péril de leurs vies.

« Les embarcations sont de plus en plus surchargées et les conditions de départ de plus en plus difficiles », a expliqué début mars Angèle Vettorello, coordinatrice d’Utopia 56 à Calais, lors d’une conférence de presse. Les interventions policières sur les plages, visant à empêcher les départs, « créent un stress intense et une panique parmi les exilés », a-t-elle encore déploré.

Face au durcissement sécuritaire, certains tentent désormais de partir depuis des zones plus éloignées au sud, « jusqu’à Dieppe ». « La distance de traversée est alors multipliée par trois, augmentant les risques notamment d’hypothermie et de collisions », a rappelé Angèle Vettorello.

Des gendarmes et des policiers sur la plage de Wimereux, le 4 septembre 2024. Crédit : Reuters
Des gendarmes et des policiers sur la plage de Wimereux, le 4 septembre 2024. Crédit : Reuters

Sur les plages, les forces de l’ordre sont équipées « comme pour faire du maintien de l’ordre », avec « boucliers, casques, gaz lacrymogènes ». Pourtant, ce sont « les seuls acteurs présents pour répondre à des situations de détresse humanitaire » a-t-elle ajouté.

L’association a par ailleurs adressé un signalement au procureur de Boulogne-sur-Mer après qu’une exilée aurait perdu connaissance sous une embarcation qui aurait été percée par les forces de l’ordre en novembre, d’après des témoignages de passagers recueillis par les humanitaires.

En 2024, Utopia 56 a reçu 428 appels de migrants en difficulté sur des embarcations, soit « plus de 15 000 personnes concernées », contre 182 appels en 2023, a précisé Célestin Pichaud, coordinateur de l’association.

Pour les gouvernements français et britannique, les seuls responsables de la hausse de la mortalité l’an dernier sont les passeurs. Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau et son homologue britannique Yvette Cooper ont annoncé, le 27 février lors d’une visite dans le nord de la France, la prolongation jusqu’en 2027 du traité de Sandhurst, par lequel Londres cofinance des moyens français destinés à empêcher les traversées irrégulières de la Manche. Les responsables politiques ont également dit vouloir intensifier la coopération entre Paris et Londres contre ces « dangereux groupes criminels ».

Sources: infomigrants

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