Plus de 500 migrants ont été secourus en mer, entre vendredi et samedi, au large des îles grecques de Crète et de Gavdos (au sud) par les garde-côtes helléniques. Depuis un an, ces deux îles de Méditerranée orientale sont devenues le nouveau lieu de passage pour les migrants au départ de la Libye désireux de rejoindre l’Europe.
Les îles grecques ont de nouveau connu un afflux de migrants ces derniers jours. Au total, 543 personnes ont été secourues en mer, entre vendredi 23 mai et samedi 24 mai, au large de la Crête et de l’île de Gavdos, a-t-on appris dimanche auprès des garde-côtes helléniques. Les passagers secourus ont ensuite été acheminés, sains et saufs, dans des centres d’accueil sur le continent.
Durant la journée de samedi, les gardes-côtes grecs ont secouru 280 personnes en Méditerranée Orientale, dont 13 mineurs, selon un communiqué publié dimanche. Quatre interventions différentes ont eu lieu au large de la petite île de Gavdos, située au sud de la Crète. Une cinquième concernait une bateau gonflable de 53 personnes débarqué à Dyskos, une localité crétoise du sud de l’île.
La veille, les autorités grecques étaient également venues en aide à 263 migrants, dont 10 mineurs, dans cette même zone lors de cinq sauvetages.
Principalement masculins, les ressortissants de ces embarcations sont originaires du Soudan, d’Egypte et du Bangladesh, selon les déclarations des autorités grecques.
Lieu de passage privilégié
Les migrants interceptés à Dyskos ont déclaré avoir appareillé depuis la Libye le vendredi matin. Plusieurs ont témoigné avoir payé « entre 150 000 et 200 000 livres égyptiennes » (entre 2 600 et 3 500 euros) pour effectuer la traversée jusqu’aux îles grecques. Un Soudanais de 24 ans, a été arrêté et est poursuivi en justice. Il est suspecté d’être le passeur présumé.
La plupart des personnes secourues vendredi ont également indiqué avoir quitté la Libye, depuis le port de Tobrouk pour rejoindre l’Europe, en passant par la Grèce. Trois Soudanais âgés entre 19 et 23 ans, ainsi que deux Egyptiens, passeurs présumés, sont également poursuivis.
La Grèce constitue la principale porte d’entrée pour l’Europe pour les personnes originaires d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient cherchant à fuir les conflits et la pauvreté de leur pays d’origine. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 62 000 migrants sont arrivés en Grèce (par terre et mer) sur l’ensemble de l’année 2024.
Le passage habituel vers la Grèce, se fait souvent entre les côtes occidentales turques et les proches îles grecques en mer Égée. Depuis l’année passée, les traversées par le sud des îles grecques, notamment via la Crête mais aussi l’île de Gavdos, sont parmi les routes migratoires privilégiées au départ de la Libye. Leur localisation à la pointe sud de la Grèce et de l’Europe explique l’augmentation sans précédent des flux migratoires, principalement en provenance d’Egypte, du Pakistan et d’Afghanistan, auxquels elles sont confrontées.
Le 27 février dernier, Gavdos enregistrait un record d’arrivées : 350 migrants débarquaient sur son sol en une seule journée.
Face à ces arrivées massives, les deux îles se retrouvent démunies. D’autant plus qu’aucune ne dispose de structures d’accueil pour les migrants et demandeurs d’asile. Ceux-ci sont généralement transférés vers des centres d’accueil situés sur le continent. Annoncé en février 2024 par le ministre des Migrations, Dimitris Kairidis, elles devaient recevoir un soutien financier et humain d’Athènes pour faire face à l’urgence.
A lire aussi
L’UE reconnait des violations des droits dans les centres grecs pour migrants
Une traversée périlleuse
De nombreux naufrages sont recensés chaque mois au cours de ces traversées périlleuses vers l’Europe occidentale. Les victimes sont fréquentes comme sur l’ensemble de la Méditerranée, l’une de principales routes migratoires où 2 500 décès ont été documentés en 2024, selon l’OIM.
Le naufrage du navire Pylos en juin 2023 au large du Péloponnèse est l’un des plus meurtriers recensés ces dernières décennies en Grèce. Plus de 600 personnes présentes sur ce chalutier rouillé et surchargé parti de Tobrouk ont péri, selon l’ONU. Seuls 82 corps avaient pu être repêchés. Parmi les 104 survivants, des dizaines avaient déposé une plainte contre les garde-côtes grecs. Après deux ans d’enquête préliminaire, le procureur du Tribunal maritime du Pirée a annoncé ce 23 mai poursuivre pénalement 17 officiers des garde-côtes helléniques, accusés d’avoir provoqué le naufrage du navire en tardant à intervenir malgré les appels à l’aide.
A lire aussi
Naufrage du Pylos : des gardes-côtes grecs poursuivis pénalement, « une avancée majeure », se félicitent les ONG
A plusieurs reprises, les garde-côtes grecs ont été condamnés pour leur gestion des migrants aux frontières du pays, en mer Égée ou au niveau du fleuve Evros. Ils sont notamment accusés par plusieurs organisations de pratiquer des refoulements illégaux et de faire preuve de violences envers les exilés. En 2024, 14 482 refoulements ont été enregistrés aux frontières de la Grèce, ce qui en fait le deuxième pays européen, derrière la Bulgarie, à opérer le plus de « pushbacks selon un rapport de neuf organisations de défense des droits de l’Homme publié le 17 février 2025.
Sources: infomigrants
