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Grèce : près de 250 migrants arrivés de Libye placés en détention, en vue de leur expulsion

Entre vendredi et dimanche, les autorités grecques ont récupéré 247 migrants en mer au large de leurs côtes. Venus des rives libyennes, ces exilés ont été transférés en centre de détention, sans avoir la possibilité de demander une protection. Début juillet, Athènes a décidé de suspendre temporairement l’examen des demandes d’asile de migrants arrivant à bord de bateaux en provenance des pays d’Afrique du Nord.

Au total entre vendredi 18 et dimanche 20 juillet, 247 migrants ont été secourus en mer, par les autorités grecques ou des navires commerciaux, au large de la Crète. Mais contrairement à d’habitude, ces exilés partis de Libye n’ont pas été transférés dans la salle municipal de l’île, transformée en centre d’hébergement d’urgence pour gérer l’afflux migratoire des derniers mois.

« Ils n’ont pas le droit de demander l’asile, ils ne seront pas conduits dans des centres d’accueil, mais seront placés en garde à vue jusqu’à ce que la procédure de retour soit engagée », a déclaré vendredi sur le réseau social X Thanos Plevris, ministre grec des Migrations, issu du parti conservateur Nouvelle Démocratie et ancien membre d’une formation d’extrême-droite.

« Les 247 personnes entrées illégalement ont été arrêtées et sont déjà conduites par la police vers des centres de détention », a-t-il précisé dimanche. « Le message est clair : nous n’acceptons pas leurs demandes d’asile, nous les arrêtons, les plaçons en détention dans des structures fermées et entamons la procédure de retour », a martelé le ministre.

Pour mener à bien son projet, le responsable politique doit construire de nouveaux centres. Ainsi, il veut « transformer » rapidement « les structures du ministère de l’Immigration en centres de détention fermés » afin de maintenir derrière les barreaux les exilés partis de Libye jusqu’à leur expulsion dans leur pays d’origine.

Plus de 7 300 migrants en Crète

Athènes avait annoncé le 9 juillet suspendre, « dans un premier temps pour trois mois », l’examen des demandes d’asile des personnes arrivant à bord de bateaux en provenance des pays d’Afrique du Nord.

L’Union européenne a indiqué le lendemain qu' »elle allait examiner » la décision d’Athènes, alors que les ONG de défense des droits humains estiment qu’elle est illégale au regard du droit international et grec. Reste que cette mesure pose plusieurs questions : combien de temps vont être détenus les migrants ? Qu’en est-il des femmes, des enfants et des personnes vulnérables ? Que se passera-t-il si les expulsions sont impossibles, notamment pour les Soudanais dont le pays est en guerre ? Autant de questions qui restent pour l’heure sans réponse.

Des migrants nouvellement arrivés sont hébergés dans une salle municipale, dans la ville d'Agyia, sur l'île de Crète, en Grèce, le 10 juillet 2025. Crédit : Reuters
Des migrants nouvellement arrivés sont hébergés dans une salle municipale, dans la ville d’Agyia, sur l’île de Crète, en Grèce, le 10 juillet 2025. Crédit : Reuters

Cette décision a été prise alors que la Grèce connaît actuellement une vague d’arrivées, principalement dans le sud du pays, sur la petite île de Gavdos et en Crète, l’île natale du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. Les exilés – pour la plupart originaires d’Égypte, du Pakistan et du Bangladesh – qui arrivent ont embarqué depuis la Libye, en particulier depuis la ville portuaire de Tobrouk, dans l’est du pays sous contrôle du puissant maréchal Khalifa Haftar.

Selon les autorités grecques, plus de 7 300 migrants sont arrivés en Crète et à Gavdos depuis le début de l’année, contre 4 935 en 2024. Pour le seul mois de juillet, plus de 2 000 personnes sont arrivées, provoquant la colère des autorités locales et des opérateurs touristiques qui ont mis la pression sur le gouvernement, réclamant des mesures pour stopper ces flux.

Les autorités de Crète se disent débordés par l'afflux de migrants. Crédit : Reuters
Les autorités de Crète se disent débordés par l’afflux de migrants. Crédit : Reuters

Dans ce contexte, le ministère grec des Migrations a aussi préparé une loi condamnant à plus de deux ans de prison un migrant entré illégalement sur le territoire, et à plus de cinq ans en cas de récidive. « Quelqu’un entrant dans mon pays illégalement doit comprendre qu’il arrive dans un régime de surveillance, pas d’hospitalité », a affirmé Thanos Plevris à la chaîne Open TV jeudi. « Je suis un adepte des moyens dissuasifs… nous ne sommes pas un hôtel », a-t-il insisté, qualifiant l’arrivée de migrants d' »invasion »

La Pologne aussi suspend les demandes d’asile

Ce n’est pas la première fois qu’un pays de l’Union européenne prend une telle décision. Athènes avait déjà temporairement suspendu l’examen des demandes d’asile début 2020 en pleine crise migratoire avec la Turquie quand des milliers de personnes en quête d’asile dans l’Union européenne avaient afflué à la frontière gréco-turque.

Depuis mars, la Pologne a aussi suspendu le droit d’asile à la frontière orientale du pays avec la Biélorussie. La Commission européenne avait alors approuvé la mesure, en estimant qu’en cas « d’instrumentalisation » des migrants, les États membres peuvent exceptionnellement limiter l’exercice des « droits fondamentaux » comme le droit d’asile. Depuis 2021, Varsovie estime que des afflux d’exilés à sa frontière orientale sont organisés par la Biélorussie, alliée indéfectible de la Russie, dans le but de déstabiliser la région et l’UE.

Mais la Grèce est le premier pays de l’UE à aller encore plus loin : incarcérer des exilés en vue de leur expulsion sans avoir la possibilité de demander l’asile.

Sources: infomigrants

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