Ceuta : deux pêcheurs marocains arrêtés pour trafic de migrants

Deux pêcheurs marocains et plusieurs migrants – marocains eux aussi – ont été arrêtés dans la matinée mercredi sur un bateau dans la baie sud de l’enclave espagnole de Ceuta. Le navire de pêche avait été repéré en raison de son comportement suspect, il naviguait sans feu, près de la côte espagnole.
Deux pêcheurs marocains et plusieurs migrants marocains ont été arrêtés dans la matinée du mercredi 23 juillet sur un bateau dans la baie sud de Ceuta, indique le quotidien local El Faro de Ceuta, qui a obtenu une confirmation officielle.
D’après le journal, la Garde civile avait repéré les mouvements suspects du bateau de pêche naviguant sans feux. La baie sud de l’enclave espagnole est connue pour être un point de dépose des migrants en mer, qui leur permet ensuite de nager jusqu’à la plage de Ceuta, porte d’entrée espagnole dans l’Union européenne.

Le bateau de pêche battait pavillon marocain. Trois personnes avaient été repérées par les autorités espagnoles sur le pont, mais une fois à bord, la Garde civile a découvert des migrants cachés à l’intérieur. En plus du bateau, les agents ont saisi 1 100 euros et un GPS. L’opération a permis l’arrestation de l’un des six migrants, recherché par les autorités, les autres ont été remis à la police nationale espagnole.
Les pêcheurs, eux, devraient être présentés devant la justice pour répondre d’accusations de trafic de migrants.
Le rôle des réseaux sociaux
Chaque année, des migrants – subsahariens ou marocains – tentent de rejoindre les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta, les deux seules frontières terrestres avec l’Union européenne sur le sol africain. Certains tentent le passage par voie terrestre, en escaladant les hautes clôtures qui séparent le Maroc des enclaves, d’autres tentent d’entrer à Ceuta et Melilla par voie maritime, à la nage ou cachés dans des bateaux.
Depuis le début de l’année, en janvier et fin juin, seules trois personnes sont arrivées illégalement « par voie maritime » à Ceuta (contre 13 en 2024), et sept à Melilla (contre 3 en 2024), selon les chiffres de Madrid.

Madrid et Rabat serrent la vis depuis des mois face à la multiplication – sur les réseaux sociaux – d’appels à l’immigration irrégulière. Cent cinquante-deux personnes avaient été arrêtées au Maroc en octobre 2024 pour avoir incité des jeunes à rejoindre Ceuta.
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Le 16 septembre, la police marocaine avait déjà empêché 500 jeunes migrants d’entrer dans l’enclave espagnole. Et 60 personnes, dont des mineurs, avaient été interpellées le 11 septembre dans plusieurs villes marocaines, pour « fabrication et diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux incitant à l’organisation d’opérations collectives d’émigration clandestine », selon une source policière à l’AFP.
Des morts récurrents
Les Marocains sont de plus en plus nombreux à grossir les rangs des migrants tentant leur chance en Espagne, aux côtés des Subsahariens. Ces départs s’expliquent par un manque de perspective criant pour la jeunesse marocaine : un jeune de 15 à 24 ans sur quatre dans le pays ne se trouve ni sur le marché de l’emploi, ni en formation, ni ne suit une scolarité.
Les drames sont fréquents malgré la courte distance à parcourir en mer. Le corps d’un homme sans vie a été retrouvé en mars 2025 à un kilomètre de Ceuta, a indiqué l’agence de presse EFE. Une autre personne était portée disparue : elle a été perdue de vue après avoir été emportée par une vague. Les migrants avaient pris la mer depuis la ville marocaine de Tarajal, au sud de l’enclave. Ils avaient profité des mauvaises conditions météorologiques en mer, avec pluie et fortes vagues, pour tenter d’entrer à Ceuta, pensant que les courants les entraîneraient vers la côte espagnole.
Au total, au moins huit personnes ont péri au large de Ceuta et Melilla depuis le début de l’année.
Sources: infomigrants




