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En Finlande, les expulsions d’étrangers sont en hausse de 30 % en 2025

 

Depuis 2023, la Finlande durcit son arsenal législatif, en réaction aux arrivées de migrants par la frontière russe, qu’elle juge orchestrées par Moscou. Outre les expulsions aujourd’hui autorisées à la frontière, de plus en plus d’étrangers n’ayant pas pu renouveler leur droit de séjour sont éloignés. Leur nombre a augmenté de 30 % en 2025, par rapport à l’année précédente.

La Finlande veut opérer ce que sa ministre de l’Intérieur – membre du parti anti-immigration Parti des Finlandais – appelle un « changement de paradigme » dans la politique migratoire. Dans ce pays du nord de l’Europe, membre de l’Union européenne (UE), cela passe par une hausse des expulsions.

La police finlandaise a expulsé 2 070 ressortissants étrangers entre janvier et septembre 2025, en hausse de 30 % par rapport à la même période l’année dernière, selon les données du Conseil national de la police finlandaise.

Les contrôles dans les lieux publics ont été renforcés et le droit de séjour des étrangers fait maintenant l’objet d’un « examen rigoureux », explique un responsable policier, Janne Lepsu, interrogé par l’AFP. « S’il s’avère qu’un ressortissant étranger ne dispose pas de ce droit, tous les moyens seront mis en œuvre pour qu’il quitte la Finlande ou l’espace Schengen », insiste-t-il.

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Une situation de plus en plus courante car, dans l’examen des dossiers d’immigration, « les décisions négatives sont plus fréquentes qu’avant », et moins de poids est accordé aux situations individuelles dans chaque cas, constate Johannes Hirvela, porte-parole des services d’Immigration.

Et faire appel n’empêche plus l’exécution d’une décision d’expulsion antérieure, relève Tirsa Forssell, directrice du contrôle et de la surveillance au sein de ces services.

Il n’existe pas de chiffres officiels du nombre de sans-papiers en Finlande, mais les estimations oscillent entre 3 500 et 5 000.

Loi sur l’asile de 2024

La Finlande a commencé à durcir sa politique migratoire en 2023 à la suite de l’arrivée d’un millier de migrants sans visa en novembre de la même année depuis la Russie voisine. Helsinki a alors fermé cette frontière longue de 1 340 km et affirmé que cet afflux de migrants avait été orchestré par la Russie, ce que le Kremlin avait démenti.

Une loi avait ensuite été votée en avril 2024 pour entériner cette fermeture puis prolongée en avril 2025 car, selon le gouvernement, « le risque que la migration instrumentalisée reprenne et s’étende, comme cela a été le cas précédemment, reste probable ».

Le Parlement finlandais a également adopté en juillet 2024 une loi très controversée sur l’asile. Le texte autorise les gardes-frontières à refuser l’entrée de demandeurs d’asile à la frontière orientale du pays sans examiner leur demande, sous certaines conditions. Cette loi, destinée à contrer les « attaques russes hybrides », selon les termes des autorités finlandaises, peut être activée pour un mois dans des zones délimitées du pays, si sa souveraineté et sa sécurité sont jugées menacées.

Mouvement européen de durcissement des politiques migratoires

Environ 11 % des quelque 5,6 millions d’habitants de Finlande sont d’origine étrangère, leur nombre ayant régulièrement augmenté dans les années 2000, selon l’office des statistiques de Finlande.

Ces dernières années toutefois, l’immigration de main-d’œuvre et les demandes d’asile ont diminué.

Pour Erna Bodström, chercheuse au sein de l’institut finlandais des migrations, s' »il était possible, avant, de se bâtir une vie stable en Finlande en tant qu’immigré (…), ce n’est plus le cas aujourd’hui ».

Le pays s’inscrit ainsi dans un mouvement de durcissement général des politiques migratoires en Europe. Chez son voisin suédois, l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de centre-droit, soutenu par l’extrême droite, a également entraîné de fortes restrictions dans les politiques d’accueil.

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Pourtant, en Finlande comme dans de nombreux pays européens, des pans entiers de l’économie ne trouvent pas de main-d’œuvre dans la population locale. En Finlande, la Laponie présente le taux de vacance d’emplois le plus élevé, avec 4,6 % et 3 326 postes à pourvoir en avril 2025. La région d’Ahvenanmaa ne compte que 441 emplois vacants, pour un taux de 3,2 %.

Dans le pays, les pénuries de main-d’œuvre touchent en particulier le domaine des soins infirmiers et de la santé, les médecins généralistes, les éducateurs dans la petite enfance, les développeurs de logiciels, les soudeurs, les agents de sécurité, les psychologues, les conducteurs d’engins de chantier ou encore les professionnels du travail social et de l’orientation.

Sources: infomigrants

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