On se souvient du psychodrame de l’été dernier alors que des dizaines de milliers de réfugiés traversaient avec famille et enfants la frontière américaine pour mettre le pied au Québec.
Dans une rectitude politique qui banalise les mots, la plupart des médias et des politiciens qualifiaient d’irrégulier ce passage hors des postes de contrôle. En réalité, il s’agissait d’une traversée illégale.
Voilà que dans La Presse d’hier l’on apprend qu’un nombre très important de ces migrants arrivés à pied ont disparu sous le radar. En clair, ils ont ignoré les avis de convocation des autorités de l’immigration et par conséquent leur demande d’asile ne sera pas prise en considération.
Failles du système
Des avocats spécialisés en immigration assurent que ces demandeurs d’asile sont perdus dans les dédales administratifs. L’explication n’est pas convaincante. Les migrants étaient au courant des failles du système de contrôle à la frontière canadienne et il est clair qu’ils ont savamment organisé leur voyage depuis les États-Unis.
On veut bien croire qu’une partie d’entre eux ne parlant ni français ni anglais sont peu scolarisés, voire analphabètes. Qu’ils n’ont aucun contact avec des Canadiens et qu’ils se terrent par ignorance des conséquences ou parce qu’ils savent que pour des raisons diverses, de nature criminelle ou non, leur demande d’asile sera rejetée.
Nous sommes donc confrontés à une situation où, si cela perdure, des centaines de milliers de personnes seront des clandestins au Canada. Sans papiers, ils ne peuvent que travailler au noir, donc être exploités. Plusieurs préféreront garder à la maison leurs enfants en âge scolaire se privant ainsi de tous les avantages sociaux dont bénéficient les citoyens.
Sentimentalité
Lorsque le premier ministre Trudeau dont on sait maintenant qu’il a pris Superman comme modèle a lancé son cri du cœur : « Les réfugiés sont les bienvenus au Canada », il a parlé sans réfléchir. Le premier ministre a fait preuve de légèreté et de démagogie bien-pensante. Il devait savoir que le Canada est un pays de droit où s’applique la loi. Et que la sentimentalité ne s’accorde pas nécessairement à la vision humaniste et rationnelle de nos démocraties.
L’immigration est essentielle au Canada. Elle permet de maintenir notre avenir démographique. Mais il y a un prix à payer. L’on ne peut ouvrir nos portes sans politique d’intégration efficace.
Les sans-papiers posent des problèmes sociaux et économiques pour le pays. Les services d’immigration manquent de personnel et de moyens. On ne peut laisser des gens s’exclure des lois. On ne peut pas les abandonner à leur sort dans nos villes.
Les délais pour évaluer les dossiers des demandeurs d’asile sont trop longs. Des êtres humains ne peuvent pas attendre des années, une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. L’expulsion de familles installées chez nous est un crève-cœur. Si le Canada n’a pas les moyens de ses ambitions humanitaires, qu’il n’utilise pas des migrants de transit pour se donner bonne conscience.
Sources : journaldemontreal.com