Plusieurs initiatives voient le jour en France pour venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin. Des migrants mettent également la main à la pâte. À Alençon, en Normandie, douze familles syriennes cuisinent pour des soignants tandis qu’à Paris, des chefs réfugiés concoctent des plats pour les sans-abri.
En Normandie, des réfugiés syriens se retroussent les manches. En pleine pandémie du coronavirus, douze familles – qui représentent une quarantaine de personnes au total – ont livré, mercredi 15 avril, 50 repas aux soignants de l’hôpital d’Alençon.
« Avec des amis, nous avons eu envie de faire quelque chose pour aider les soignants qui font face au danger dans tout le pays », explique à InfoMigrants Abdul Rahman Ajaj, un conducteur de bus de 39 ans dont l’activité a été stoppée en raison du confinement. « Nous avons eu l’idée de mobiliser les familles syriennes réfugiées à Alençon car dans notre culture, c’est comme ça : quand quelqu’un a besoin d’aide, on participe. Nous avons pu contacter douze d’entre elles, toutes ont répondu oui. »
Chaque famille a ainsi préparé une spécialité du Moyen-Orient : samoussa, kebbeh, taboulé, houmous, petites pizzas ou encore gâteaux syriens, que quelques membres du groupe ont ensuite livrés au service des urgences de l’hôpital, prévenu en amont. « Nous organiserons une autre distribution de nourriture pour l’hôpital le 21 avril, et une troisième un peu plus tard. Nous réfléchissons aussi à d’autres initiatives à mettre sur pied pour les pompiers ou la police », poursuit Abdul Rahman Aja.
À Paris, le Refugee Food Festival fournit 200 repas par jour
A l’image de ce Syrien, d’autres à travers le pays développent des actions solidaires pour faire face à une crise sanitaire inédite.
Dans la capitale aussi, des réfugiés cuisinent sans relâche. Les chefs regroupés au sein du Refugee Food Festival, un projet qui vise initialement à faciliter l’insertion professionnelle des personnes réfugiées en France notamment par le biais du secteur de la restauration, mitonnent depuis trois semaines quelque 200 repas par jour à destination d’un centre de demandeurs d’asile, de sans-abris et de soignants.
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« Nous nous sommes rendus compte du besoin en termes d’aide alimentaire que la crise allait générer sur Paris. La situation des plus vulnérables est de plus en plus alarmante. Assez naturellement, nous nous sommes dit qu’il fallait juste que l’on ouvre notre cuisine et qu’on s’y remette », a déclaré Marine Mandrila, co-fondatrice de ce projet, au site « L’Info durable« .
Installé dans les cuisines du restaurant La Résidence, dans le 12e arrondissement parisien, le groupe se charge également de l’emballage des produits et de leur livraison.
« J’ai connu ce genre de chose quand j’étais demandeuse d’asile »
L’aide s’est organisée avec bonne volonté au sein de ce groupe qui ne connaît que trop bien les situations précaires dans lesquelles se trouvent certains des bénéficiaires. « C’est très important [de faire ça] parce que moi aussi j’ai connu ce genre de chose quand j’étais demandeuse d’asile », explique Raimot Tijani, une cuisinière et réfugiée nigérienne, citée par le HuffingtonPost.
Le Refugee Food Festival fait partie des signataires d’une tribune de « restaurateurs solidaires » parue dans le Journal du dimanche mercredi, estimant que les démunis sont désormais « plus que jamais invisibles pour celles et ceux confiné.e.s chez eux. »
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« Cela fait quatre semaines que la fraternité citoyenne s’exprime comme jamais dans notre pays, face à l’adversité, l’isolement, l’abandon aussi parfois, générés par la crise sanitaire », est-il indiqué dans ce texte. « Quatre semaines que nos initiatives citoyennes démontrent qu’un autre modèle est non seulement possible mais aussi pérenne. […] L’alimentation durable et l’aide aux plus démuni.e.s doivent être au cœur de notre société dès aujourd’hui. »
Sources : https://www.infomigrants.net/