Le gouvernement du maréchal Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, a expulsé depuis le début de l’année 1 400 migrants, selon le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme. L’organisation internationale des migrations se dit « préoccupée » par ces renvois.
Selon le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH), plus d’un millier de migrants ont été expulsés cette année de l’Est libyen, contrôlé par le maréchal Khalifa Haftar.
« Les chiffres dont je dispose datent du début de l’année, soit 1 400 migrants et réfugiés. Ce mois-ci, il y eu 160 migrants soudanais renvoyés chez eux », a déclaré Jeremy Laurence, porte-parole du HCDH, lors d’un point presse, ajoutant qu’une « seule expulsion a été admise par les autorités ».
Abandonnés dans le désert
« Ce n’est pas la première fois que des migrants sont renvoyés par le gouvernement de l’Est libyen », précise à InfoMigrants Federico Soda, chef de mission de l’Organisation internationale des migrations (OIM) à Tripoli. « Ce n’est pas commun mais ce n’est pas une nouveauté ».
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Ces migrants ont été renvoyés dans les pays frontaliers de la Libye, à savoir le Niger, le Tchad et le Soudan. « Les Libyens les mettent dans des camions et les relâchent en plein désert », affirme Federico Soda. « Nous avons d’ailleurs porté assistance à une centaine d’entre eux en mars au nord du Niger », continue-t-il.
Ces 1 400 migrants « ont été expulsés sans avoir eu accès à une assistance juridique ou aux autres services nécessaires pour assurer leur protection », a encore signalé Jeremy Laurence. Selon l’ONU, de telles pratiques sont illégales car elles violent les obligations de la Libye en matière de droit international relatif aux droits de l’Homme, qui interdisent les refoulements et les expulsions collectives.
« Nous ne savons pas ce qu’ils deviennent »
« Ces renvois nous préoccupent », assure Federico Soda. D’autant que ces migrants sont difficilement accessibles, surtout ceux renvoyés à la frontière avec le Soudan. « Au Tchad et au Niger, nous arrivons à avoir quelques informations mais en ce qui concerne le Soudan, c’est beaucoup plus compliqué », signale encore le chef de mission de l’OIM. L’agence onusienne n’est pas présente dans ce secteur, jugé trop dangereux pour la sécurité de son personnel.
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« Nous ne savons pas ce qu’ils deviennent, il peut se passer beaucoup de choses dans ces zones », s’inquiète Federico Soda. Selon lui, certains tenteraient une nouvelle fois de rejoindre la Libye, d’autres l’Egypte alors que d’autres rentreraient au Soudan.
L’OIM n’a aucune information non plus sur le profil de ces personnes « Tout ce que nous savons c’est que la majorité sont des hommes ». L’organisation se dit ainsi désemparée : « C’est très dur pour nous car n’ayant pas de détails, nous ne pouvons pas leur venir en aide ».
Sources : https://www.infomigrants.net/