Les 50 migrants secourus, vendredi, par un navire commercial libanais ont été autorisés à débarquer à Malte mardi soir, après un ping-pong entre les autorités italiennes et maltaises qui refusent de prendre en charge tous les rescapés de la Méditerranée. Le capitaine du Talia s’est dit « fier et heureux d’avoir accompli son devoir » de marin.
Après plusieurs jours d’attente en mer dans un navire commercial de transport d’animaux, les 50 migrants secourus par le Talia ont été autorisés à débarquer à Malte dans la nuit du mardi 7 juillet. « Nous sommes si heureux et fiers d’avoir accompli notre devoir », a réagi Mohammed, le capitaine du navire, joint par InfoMigrants. « Les rescapés sont extrêmement soulagés et ont quitté le Talia en souriant vers 23h15 ». L’homme et son équipage ont, depuis, remis le cap vers Carthagène, en Espagne, où le navire était attendu depuis lundi.
« Les conditions étaient horribles pour les rescapés à bord, mais ils ont tenu bon, nous avons tenu bon avec eux. Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas une seconde », a ajouté le capitaine, la voix teintée d’émotion. Secourus vendredi, la cinquantaine de migrants a été contrainte de dormir plusieurs jours, à même le sol et sans couvertures, dans les étables encore souillées du Talia où étaient transportés des animaux qui venaient d’être livrés en Libye. « On était obligés de les prendre en charge, nous n’avons pas eu le choix. Une tempête approchait et ils risquaient de mourir », a expliqué à Infomigrants Majed Eid, directeur général de Talia Shipping Line.
Le navire au pavillon libanais n’étant pas accoutumé aux sauvetages a mis plusieurs heures avant de réussir à récupérer les 52 migrants qui dérivaient sur une embarcation de fortune. Alors que les autorités maltaises avaient dans un premier temps accepté de les prendre en charge, personne n’est jamais venu, a raconté Mohammed, le capitaine qui a alors pris la décision de se rapprocher de l’île de Lampedusa. Mais les autorités italiennes ont refusé le débarquement, obligeant le navire à retourner dans les eaux maltaises, dans l’espoir d’obtenir un feu vert.
Entre temps, dimanche, des médecins maltais sont montés à bord et ont procédé à l’évacuation de deux migrants pour raisons médicales urgentes. Le reste du groupe était également mal en point, souffrant notamment, d’après Mohammed, d’insolation, de blessures ou encore de déshydratation. « Plusieurs personnes sont tellement faibles qu’elles ne peuvent pas se déplacer par elles-mêmes », avait prévenu le capitaine.
« Je pense que les autorités maltaises ont fini par céder à cause de l’ampleur médiatique qu’a pris cette affaire », poursuit Mohammed. Mardi, un groupe de 35 ONG locales a également appelé Malte à prendre ses responsabilités en accueillant les rescapés secourus dans ses eaux territoriales et en leur garantissant un accès à la procédure d’asile.
Leur débarquement, mardi soir, a été salué par de nombreux acteurs de la défense des droits des migrants dont l’emblématique Carola Rackete, ex-capitaine du Sea Watch, navire de l’ONG allemande éponyme, qui n’avait pas hésité à défier le gouvernement italien en 2019 pour débarquer des dizaines de rescapés. « Respect et remerciements à l’équipage et au capitaine du Talia. Ce n’est pas une tache facile de prendre en charge 52 personnes sur un navire commercial sans aucune préparation ni équipement », a-t-elle tweeté mercredi, soulignant que l’équipage pouvait être « fier de lui », « fier d’avoir respecté le droit maritime international, contrairement aux autorités européennes ».
Sources : https://www.infomigrants.net/