Un groupe d’hommes armés a tiré sur les gardes du centre de détention de Zintan, au sud-ouest de Tripoli, dans le but de kidnapper les migrants retenus, pour certaines depuis des années, à l’intérieur. Avec ce nouvel incident, le directeur du centre affirme que son personnel ne peut plus assurer la sécurité des détenus.
La tension est montée d’un cran ces dernières 24 heures dans le centre de détention de Zintan, au sud-ouest de Tripoli en Libye : plusieurs migrants affirment qu’un groupe d’hommes armés a attaqué l’édifice lundi 20 juillet dans le but de kidnapper puis probablement exploiter ou torturer les quelques centaines de détenus – principalement des Érythréens – qui survivent péniblement sur place.
« Pitié, sortez-nous de là », implore l’un d’entre eux enfermé depuis des mois, joint par InfoMigrants. « Ici, c’est la panique. On a peur pour nos vies, on a faim, beaucoup d’entre nous sont malades, il va y avoir un drame, c’est sûr », poursuit le jeune homme avant de couper court de peur d’être repéré en possession d’un téléphone portable.
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L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a confirmé l’incident à InfoMigrants, précisant qu’un groupe armé « inconnu » avait « tiré sur les gardes du centre de détention » pour essayer de s’y introduire. « D’après nos informations, personne n’a été blessé. Mais les migrants sont en détresse, ils ont très peur », affirme Safa Msehli, porte-parole de l’OIM. Selon le dernier décompte réalisé sur place en juin par l’agence onusienne, plus de 500 migrants sont entassés à Zintan dans des conditions effroyables.
Deux nouveaux centres de détention prochainement
Giulia Tranchina, une avocate spécialiste des questions des droits de l’Homme, en contact avec de nombreux migrants en Libye, affirme que 25 détenus de Zintan sont déjà décédés au cours des dernières semaines. « La situation est si grave que le directeur libyen de Zintan a prévenu tous les détenus que ses gardes ne pouvaient plus les protéger et qu’il fallait qu’ils contactent des ONG et l’ONU pour être transférés hors du centre le plus vite possible », explique l’avocate qui appelle à leur évacuation immédiate du centre de détention mais aussi de Libye.
Zintan fait partie des 11 centres de détention officiels en Libye. À plusieurs reprises, InfoMigrants a pu entrer en contact avec des migrants enfermés dans ce centre qui ont pu faire état de leurs terribles conditions de vie. Lorsque des migrants sont interceptés par les garde-côtes libyens en mer dans des petites embarcations de fortune tentant de rejoindre les côtes européennes, ils sont la plupart du temps renvoyés en centres de détention, à leur retour. L’ONU réclame la fermeture de ces prisons et la mise en place d’un autre système depuis des années. Bien que les autorités libyennes se soient engagées, l’année dernière, à fermer quatre de ces centres, tous sont toujours ouverts. Selon l’OIM deux autres centres doivent même ouvrir dans les prochaines semaines.
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Ce n’est pas la première fois qu’un centre de détention est attaqué de la sorte. Au printemps 2019, une fusillade avait notamment eu lieu dans le centre de Gasr Ben Gashire à Tripoli, faisant plusieurs morts et au moins 12 blessés grave parmi les plus de 700 détenus sur place. Quelques semaines plus tard, le centre de Tajourah, aux abords de la capitale libyenne, était bombardé provoquant la mort d’au moins 44 migrants.
Sources : https://www.infomigrants.net/