Franck* a fui la République démocratique du Congo avec sa femme et ses deux filles en fin d’année dernière. À 42 ans, il se voit contraint de vivre sous une tente avec sa famille sur l’île grecque de Samos. Il raconte à InfoMigrants son quotidien.
« Je vis à proximité du camp de Samos depuis le 23 novembre 2019. J’ai quitté la République démocratique du Congo (RDC) l’année dernière car j’étais menacé en raison de mon groupe ethnique**. J’ai fui précipitamment avec ma femme et mes deux filles, aujourd’hui âgées de sept ans et deux ans et demi.
On vit tous les quatre sous une tente que j’ai construite avec l’aide d’autres migrants. J’ai acheté des bâches et des morceaux de bois dans la ville pour monter ce logement de fortune. J’ai aussi aménagé une sorte de salle de bain afin qu’on puisse rester propres malgré nos conditions de vie déplorables.
La vie est difficile ici, surtout avec des enfants. Chaque matin, je fais la queue pendant 1h30 pour avoir à manger et nourrir ma femme et mes fillettes. Il y a beaucoup de monde et parfois des bagarres éclatent.
« Si je pouvais, je rentrerais dans mon pays »
Avec la pandémie de coronavirus, les choses se sont encore plus compliquées. J’ai peur que l’un de nous ne l’attrape alors j’ai acheté un thermomètre et tous les jours, on prend notre température. À Samos, si on a des symptômes, on nous place à l’isolement pendant deux semaines et c’est très dur à vivre alors je fais tout pour protéger ma famille.
Ma fille aînée me pose beaucoup de questions : elle me demande pourquoi on est là, pourquoi on est obligés de vivre de cette façon. Elle est encore petite mais quand elle sera plus grande, je lui expliquerai plus précisément les raisons de notre exil.
Pour l’occuper et l’empêcher de trop réfléchir, nous essayons de lui faire l’école avec ma femme la journée. On lui prépare des devoirs.
Après plusieurs mois d’attente, on a réussi à s’enregistrer pour notre demande d’asile en juin dernier, soit sept mois après notre arrivée ! Tout prend du temps ici. Notre entretien est prévu pour le 28 décembre. On va être obligés de passer un nouvel hiver sous notre tente.
Cette situation me peine. Si je pouvais, je rentrerais dans mon pays. J’avais une belle vie chez moi, je travaillais, mes filles allaient à l’école. Mais j’ai peur des représailles si je retourne au Congo. »
Sources : https://www.infomigrants.net/