Pour tenter de limiter la contamination au coronavirus, des équipes de santé se sont chargées de tester mardi les personnes hébergées après leur évacuation. Reportage dans un hôtel en banlieue parisienne qui accueille une soixante de migrants.
Vêtus de combinaisons jetables et de masques de protection, les membres de l’équipe médicale frappent aux portes des chambres d’un hôtel de Clamart, mises à la disposition d’une soixantaine de migrants. Ils leur demandent, un par un, s’ils acceptent de se soumettre à un test de dépistage dans une pièce du même étage, transformée en salle de prélèvement. Certains refusent, la peur d’un résultat positif semblant les dissuader alors qu’ils viennent à peine de trouver refuge dans ce lieu confortable qui les accueille jusqu’à mi-décembre.
Suite au démantèlement du camp de Saint-Denis, mardi 17 novembre, et aux mises à l’abri de quelque 2 500 migrants, des tests au Covid-19 ont été proposés à l’ensemble de cette population.
Les personnes positives sont invitées à rejoindre des centres dans lesquels elles pourront bénéficier d’une prise en charge médicale adaptée. Selon Luc Ginot, directeur de la Santé publique à l’Agence régionale de santé Île-de-France, « le taux d’acceptation des tests a été extrêmement élevé » au cours des dépistages mis en oeuvre dans la trentaine de centres d’hébergement réquisitionnés après le démantèlement.
Les résultats de ces tests réalisés essentiellement par des équipes de l’APHP, du Samu social et de la Croix-Rouge sont attendus au cours des prochains jours. Ils devraient offrir une idée précise du taux de contamination qui prévalait au sein des occupants du camp installé au nord de Paris.
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En France depuis 2018, le Soudanais Aluali Mohamad regagne tranquillement sa chambre d’hôtel après avoir effectué le test antigénique permettant de savoir dans un délai d’une demi-heure s’il a contracté le virus. Il est content de pouvoir profiter de conditions d’hébergement très éloignées de celles qu’il connaissait dans le camp. Dès son arrivée à l’hôtel, il a reçu un masque de protection et du gel, ainsi que des consignes de protection à respecter. La plupart des migrants présents, tous des hommes célibataires, sont hébergés en chambre individuelle, ce qui permet plus facilement de respecter la distanciation. De plus, un prestataire se chargera de leur livrer le petit-déjeuner et deux repas qu’ils pourront prendre chacun de leur côté.
Une évaluation sanitaire et administrative
Le respect des gestes barrières est d’autant plus important que cet établissement hôtelier n’accueille pas uniquement des migrants. Lors des arrivées échelonnées tout au long de la journée, des consignes ont été données et traduites par les responsables de l’association Coallia chargée de l’accueil de ces migrants originaires, en grande majorité, d’Afghanistan, du Pakistan et d’Iran. Patrick Meunier, directeur territorial de cette structure pour les Hauts-de-Seine, a insisté sur l’importance de respecter les mesures sanitaires et le règlement intérieur qu’ils ont signé avant de pouvoir s’installer dans leurs chambres. Une heure limite de sortie est notamment fixée, 21 heures, et un vigile veillera au respect de cet horaire.
À ses côtés, Souad Bouhaïk, chef de service au sein du CADA de Nanterre, explique à un groupe de jeunes gens regroupés, munis bien souvent d’un simple sac poubelle contenant quelques affaires, que les personnes présentes sur ce lieu ont pour mission de les accompagner. Leur objectif est de réaliser une évaluation sanitaire et administrative des migrants hébergés dans cet hôtel. Et ils rencontreront pour cela au cours des prochains jours du personnel médical et des assistantes sociales qui les aideront à faire le point sur leur situation et à les guider dans leurs démarches.
La journée a été éprouvante pour toute l’équipe chargée de gérer l’accueil et l’installation des migrants, le nombre d’arrivées initialement prévu ayant été nettement revu à la hausse. Originaire du Pakistan, Afridi attend son tour pour pouvoir recevoir sa carte-clef. Il doit préalablement passer un bref entretien au cours duquel lui seront demandés les documents d’identité qu’il possède. Debout près d’un ascenseur, il exprime en français sa satisfaction d’avoir quitté des « conditions de vie très difficiles » dans le camp, qu’il n’aura plus à supporter jusqu’à la mi-décembre. Et il ne peut qu’espérer que cette solution d’hébergement puisse ensuite se prolonger, dans des conditions sanitaires lui permettant de se protéger efficacement contre le virus.
Sources : https://www.infomigrants.net/