Plus de trente migrants ont été secourus par les autorités espagnoles, samedi, au large des îles Canaries mais un enfant de neuf ans qui se trouvait à bord n’a pas survécu au voyage. En parallèle, près de 200 migrants ont entamé une grève de la faim demandant le droit de quitter l’archipel espagnol pour se rendre dans la péninsule.
Les traversées depuis les côtes africaines vers les îles espagnoles des Canaries se poursuivent à un rythme effréné : les secouristes espagnols ont porté assistance, samedi 16 janvier, à plus de 30 migrants en difficulté sur un petit canot à 160 kilomètres de Grande Canarie, rapporte l’agence AP.
Le groupe était composé de 20 femmes, 11 hommes et trois enfants. Tous ont été déposés à terre pour leur prise en charge, à l’exception d’un jeune garçon de neuf ans décédé durant la traversée, selon les migrants à bord qui ont expliqué avoir mis son corps à la mer.
Environ 23 000 migrants sont arrivés aux Canaries en 2020 contre seulement 3 000 en 2019, indique le ministère de l’Intérieur espagnol. Au moins 500 personnes ont péri en tentant la traversée. L’ONG Caminando Fronteras estime, pour sa part, à 2 170 le nombre de migrants morts en mer en 2020 alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Espagne. Près de 85% d’entre eux ont eu lieu sur la route des Canaries où 45 naufrages ont causé la mort de 1851 personnes.
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Les candidats à l’exil qui empruntent cette route sont de plus en plus nombreux à fuir la pauvreté, les violences dans leur pays ou encore des conditions de vie extrêmement précaires dues à la pandémie. Mais pour ceux qui parviennent à atteindre les Canaries, ce n’est que la fin du combat : en effet, des milliers de migrants sont coincés dans l’archipel devenu une véritable prison à ciel ouvert.
Près de 200 migrants en grève de la faim
« Environ 5 000 personnes sont logées dans des complexes touristiques de l’île, certains depuis plusieurs mois. À un moment ou un autre, on va devoir les évacuer. Pourtant, rien n’est prévu. Qu’est-ce qu’on va faire d’eux ? », interrogeait déjà en novembre dernier Txema Santana, porte-parole de la Commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR), rencontré par InfoMigrants.
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Pour protester contre cette situation, 176 migrants sénégalais ont entamé une grève de la faim, samedi, exigeant leur transfert vers la péninsule, rapporte la presse espagnole. Hébergés dans un hôtel à Puerto de Cruz depuis près de trois mois, ils demandent à quitter l’archipel pour pouvoir chercher du travail dans la péninsule et, pour certains, y retrouver des proches.
Porte-parole du groupe, Khalifa Ibrahima Ndiaye, un jeune étudiant en droit, explique qu’une grande partie des grévistes possède un passeport valide et de la famille pouvant les accommoder le temps de leur recherche d’emploi. Comme n’importe quel autre voyageur muni d’un titre de transport, le jeune homme demande que son groupe puisse quitter l’archipel après avoir présenté un test PCR négatif.
Les 176 Sénégalais entendent poursuivre leur action tant que l’autorisation de se déplacer ne leur aura pas été délivrée. Le jeune Khalifa Ibrahima Ndiaye appelle également le gouvernement sénégalais à protéger ses citoyens en établissant un accord avec Madrid sur la question.
Sources : InfoMigrants : informations fiables et vérifiées pour les migrants – InfoMigrants