Ceuta commence l’expulsion de 800 mineurs non-accompagnés vers le Maroc
Trois mois après les importantes arrivées de mi-mai, l’Espagne procède à des renvois de dizaines de mineurs non-accompagnés vers le Maroc. Les ONG dénoncent des « violations de droits fondamentaux » et demandent l’arrêt des ces expulsions.
Vendredi 13 août, l’enclave espagnole de Ceuta a entamé des renvois de mineurs non-accompagnés vers le Maroc, suite à une directive, diffusée le 10 août, du ministère de l’Intérieur espagnol. Près de 800 jeunes sont concernés par ces vagues d’expulsion.
Les médias espagnols avaient commencé à diffuser des images de ces renvois vendredi. Par la suite, la préfecture de Ceuta a confirmé l’information à l’AFP. Dans son courrier du 10 août, obtenu par le média radiophonique SER, le ministère de l’Intérieur invoque « l’article 5 de l’accord entre le Roi d’Espagne et le Roi du Maroc sur la coopération dans le domaine de la prévention de l’immigration illégale de mineurs non-accompagnés, leur protection et leur retour concerté », signé à Rabat, le 6 mars 2007.
Ces expulsions sont surtout une réponse à d’importantes arrivées, les 17 et 18 mai. En moins de deux jours, entre 8 000 et 10 000 migrants avaient franchi la frontière marocaine pour arriver à Ceuta, dans un contexte de tensions diplomatiques entre Madrid et Rabat. Parmi eux, « au moins 1 500 enfants âgés de sept à quinze ans », avait déclaré l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), exprimant alors sa vive « inquiétude ».
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Aux côtés des autorités espagnoles, l’OIM avait initié un travail de recherche des familles et de réunification. Mais près de 800 MNA demeuraient « hébergés dans un entrepôt à Ceuta », indiquait l’OIM. Pour ces derniers, l’OIM demandait de respecter « l’intérêt supérieur de l’enfant et les garanties de protection ».
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Violation des droits fondamentaux
En théorie, chaque cas doit être évalué par les autorités afin de déterminer si le renvoi de l’enfant relève, ou non, de son intérêt supérieur. Mais en pratique, les récentes opérations de renvoi sont vivement critiquées par les ONG.
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Ainsi, dans un communiqué commun paru le 13 août, l’Unicef, Save The Children et Plataforma de Infancia demandent l’arrêt immédiat de ces expulsions. Elles rappellent qu’un retour doit toujours respecter les conditions suivantes : l’intérêt supérieur de l’enfant, la garantie d’une « réintégration sûre » dans le pays d’origine, et surtout, le fait que ce retour soit « volontaire », et que le jeune « soit écouté tout au long du processus ».
Or, ces expulsions en cours « sont contraires à ces normes » fustigent les ONG, et « violent les droits fondamentaux » des MNA exilés, inscrits dans la Convention des droits de l’enfant de 1989 ou encore la directive européenne sur les retours de 2008.
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Les passages vers les enclaves espagnoles à la nage sont une opportunité peu coûteuse de s’exiler, pour les jeunes marocains sans moyens financiers. Ces derniers ont été touchés de plein fouet par la crise économique, aggravée par la pandémie de Covid-19. Mais ils se retrouvent pris dans un rapport de forces diplomatique : « L’Espagne et le Maroc instrumentalisent en permanence la migration, au mépris des droits fondamentaux des migrants et des demandeurs d’asile », déplorait ainsi Omar Naji, de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Nador, auprès d’InfoMigrants.
source : https://www.infomigrants.net/fr