ACTUALITES

À Tripoli, des milliers de migrants manifestent devant le centre du HCR pour réclamer leur prise en charge

Plus de 2000 personnes sont rassemblées devant le centre d’accueil de jour du HCR à tripoli depuis plus d’une semaine. Elles réclament d’être évacuées de toute urgence de Libye après avoir été violemment expulsées de leurs logements et emprisonnées.

C’est une crise humanitaire dans une crise humanitaire. Lundi 11 octobre, plus de 2000 personnes se trouvaient toujours devant le centre d’accueil de jour du Haut commissariat aux Nations unies chargé des réfugiés (HCR) – un centre également appelé CDC, pour Community Day Center, en anglais – dans le quartier de Serraj, à Tripoli.

Depuis plus d’une semaine, des hommes, des femmes et des enfants, majoritairement originaires d’Érythrée, du Soudan et de Somalie, dorment devant ce centre qui a été fermé le 4 octobre. Ils réclament leur évacuation du pays.

Ces personnes se sont retrouvées à la rue après une série d’expulsions opérées le 1er octobre, sous couvert d’opérations anti-drogue, dans les quartiers de Tripoli les plus fréquentés par les exilés. Ils ont été envoyés en prison mais ont pu s’échapper, explique un réfugié sud-soudanais, interrogé par InfoMigrants, qui souhaite resté anonyme.

« Beaucoup sont malades, traumatisées, dénutries et souffrent de fièvre depuis les fortes pluies qui sont tombées dimanche », a-t-il confié.

Suspension des activités du CDC

Sur les images qui circulent sur les réseaux sociaux, on voit des centaines de migrants, dont de nombreux enfants, assis sur le sol, au bord de la route, dans un dénuement total. Certains brandissent des pancartes demandant au HCR de l’aide.

On compte aussi de nombreux blessés, dont certains ont été victimes d’armes à feu, et des migrants qui affirment avoir été violentés à leur domicile. Quatre jeunes hommes interrogés par le compte Twitter @RefugeesinLibya ont raconté avoir été agressés et volés en pleine nuit par des militaires armés. « Ils nous ont pris nos téléphones et notre argent et nous ont tabassés », décrit l’un d’eux, originaire du Tchad. À ses côtés, un jeune Malien a le bras cassé et un Soudanais présente des blessures au visage.

Dans un communiqué publié vendredi, l’ONU a indiqué avoir pu « fournir une assistance aux demandeurs d’asile, notamment de la nourriture, d’autres articles de secours et de l’argent liquide d’urgence au début de la crise ». « Mais ces derniers jours, l’escalade des tensions au sein de la foule, qui a entraîné la blessure de deux membres du personnel, et l’entrave à l’accès pour d’autres demandeurs d’asile ayant un besoin urgent d’aide, nous a incités à suspendre temporairement les services réguliers au centre », ajoute l’agence onusienne.

Évacuations brutales

Le 1er octobre, plusieurs opérations de police menées dans le quartier de Gargaresh, à Tripoli, ont conduit à l’arrestation brutale de plus de 5000 personnes. Au moins une personne a été tuée durant ces évacuations.

Selon le réfugié sud-soudanais contacté par InfoMigrants, le gouvernement libyen aurait justifié ces violentes évacuations en avançant de « fausses allégations sur le fait que le quartier serait un repaire pour la prostitution, le trafic de drogues et d’armes ».

À la suite de ces opérations, environ 4000 personnes se sont retrouvées dans le centre de détention d’Al Mabani, à l’ouest de la capitale libyenne, soit quatre fois la capacité du centre.

Vendredi 8 octobre, une évasion massive a eu lieu dans le centre et s’est soldée par un bain de sang. Au moins six personnes ont été tuées et 24 blessées. Mais le bilan pourrait être beaucoup plus lourd. Selon des exilés manifestant devant le CDC, au moins 34 personnes auraient été tuées au cours de l’évasion et plus de 300 blessées.

Vols suspendus

La situation en Libye est depuis un an extrêmement inquiétante, notamment en raison de la suspension des vols d’évacuations des réfugiés enregistrés par HCR vers des pays tiers tels que le Niger ou le Rwanda.

Dans un message posté dimanche sur sa page Facebook, le HCR souligne que les vols d’évacuation ont été bloqués depuis le 8 août par les autorités libyennes. L’agence appelle également les autorités locales à libérer les demandeurs d’asile et à mettre fin aux arrestations.

Sources : https://www.infomigrants.net/

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page