Mardi 12 octobre à 5h30, un train régional a percuté quatre personnes qui se trouvaient sur les voies, près de Saint-Jean-de-Luz, dans le sud-ouest de la France. Trois d’entre elles sont mortes sur le coup. D’après le procureur de la République de Bayonne, les victimes sont « de nationalité algérienne ».
Des mots du procureur de la République de Bayonne, c’est un « drame humain marquant et terrible » qui s’est joué très tôt ce mardi 12 octobre, vers 5h30. Un train régional (TER) a percuté quatre personnes qui se trouvaient sur les voies, sur la commune de Ciboure, à « quelques centaines de mètres de la gare de Saint-Jean-de-Luz », a fait savoir Jérôme Bourrier lors d’une conférence de presse. Parti de Hendaye, dans le sud-ouest de la France, le train circulait à 92km/h.
Trois personnes sont décédées sous la violence de l’impact, la quatrième, « gravement touchée aux membres inférieurs et à l’abdomen » a été emmenée au centre hospitalier de la Côte Basque. « Son pronostic vital n’est plus engagé », a précisé le procureur de la République.
D’après le témoignage du chauffeur du TER, ce tronçon de l’axe Bayonne-Hendaye est peu éclairé et aucun train n’y circule entre 22h30 et 5h du matin. « On en déduit que les victimes étaient donc en train de se reposer ou de dormir sur les voies » quand le chauffeur les a aperçus, au dernier moment.
Jusqu’alors, seule une des personnes décédées a été identifiée de « manière certaine », grâce à ses « empreintes papillaires ». Il s’agit d’un Algérien de 21 ans, connu en Espagne car il faisait l’objet d’un avis d’expulsion. Pour les trois autres personnes, « il n’y a aucune certitude » quant à leur identité.
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Ce que l’on sait en revanche, c’est que les victimes sont « manifestement, de nationalité algérienne », et qu’elles « cherchaient à pénétrer irrégulièrement sur le territoire national », a indiqué le procureur de la République Jérôme Bourrier. Les papiers d’une cinquième personne ont par ailleurs été retrouvés dans les affaires des victimes, dont l’identification des corps est toujours en cours.
Longer la voie ferrée « pour échapper aux contrôles »
D’après Amaïa Fontan, porte-parole du collectif d’associations Etorkinekin (« avec les migrants » en langue basque), « il n’est pas rare de voir des migrants longer la voie ferrée pour échapper aux contrôles policiers, très nombreux dans la région ». Selon des bénévoles de l’association qui lui ont transmis l’information, « la présence policière était très forte, hier soir, entre Hendaye, Irun et Saint-Jean-de-Luz ».
« Je ne dis pas qu’il y a un lien de cause à effet, tient-elle à préciser. Mais il faut rappeler qu’en venant ici, les migrants arrivent sur un territoire qu’ils ne connaissent pas, ils sont perdus. Alors ils cherchent par tous les moyens à trouver des endroits à l’abri des contrôles, sans forcément se rendre compte du danger ».
Pour la militante, la solution serait de « sécuriser le parcours des migrants, pour que ce genre de drame ne se répète pas ». « Il n’est pas normal que des gens risquent leur vie en passant une frontière ».
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Depuis plusieurs mois, de nombreux migrants venus d’Espagne passent désormais par le Pays basque pour continuer leur route plus au nord de l’Europe. Nombre d’entre eux tentent de rejoindre la France en traversant le fleuve de la Bidassoa, frontière naturelle entre Irun, côté espagnol, et Hendaye côté français.
Avec pour certains, une issue dramatique. Le 22 mai, Yaya Karamoko, un Ivoirien de 28 ans, s’est noyé dans la Bidassoa, près de la rive espagnole. Tout comme Abdoulaye Koulibaly, un migrant guinéen de 18 ans, lui aussi mort noyé dans le fleuve le 8 août dernier. Il avait opté pour cette voie afin « d’éviter les contrôles policiers réguliers entre Irun et Hendaye », affirme le journal Ouest-France
Des arrivées quasi quotidiennes
Dans la région, aux côtés des migrants d’Afrique de l’Ouest se mêlent de plus en plus d’exilés originaires du Maghreb, dont des Algériens. « C’est une minorité, mais une minorité qui grandit, affirme Amaia Fontan. Eux aussi se font refoulés à la frontière par la police ». Le nombre croissant d’arrivées de migrants algériens sur la côte sud de l’Espagne pourrait expliquer en partie leur présence au Pays basque.
Entre le 1er janvier et le 6 septembre 2021, 6 173 migrants ont débarqué en Espagne depuis l’Algérie, selon les chiffres du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
D’après l’ONG Heroes del Mar, qui suit de près les flux en Méditerranée, les sauvetages de « pateras », ces petites embarcations de fortune, sont quasi quotidiens. Pour le seul week-end du 18 septembre, 1 500 exilés algériens ont débarqué sur les plages espagnoles à bord de 80 embarcations, parties de Boumerdès, d’Oran et d’Alger.
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Là aussi, à cause des courants forts et des vents, la route n’est pas sans danger. Entre dimanche 19 et mardi 21 septembre, huit corps ont été retrouvés sur différentes plages de la province d’Almería, dans le sud de l’Espagne. Dont celui d’un enfant de trois ans.
source : https://www.infomigrants.net/