Depuis le 31 décembre, les traversées de la Méditerranée vers les côtes espagnoles se multiplient. Les naufrages aussi. Les autorités espagnoles sont toujours à la recherche de 17 candidats à l’exil, dont une jeune fille de 17 ans, disparus en mer. Trois corps ont déjà été retrouvés.
Le début de l’année 2022 a déjà été meurtrier au large de l’Andalousie. Depuis le 31 décembre 2021, 17 personnes au total ont disparu dans les eaux de cette partie de la Méditerranée, alors qu’elles cherchaient à gagner l’Espagne.
Quatre d’entre elles, d’origine algérienne, sont toujours activement recherchées depuis le naufrage, lundi 3 janvier au soir, de trois embarcations près de Carboneras, une petite ville à l’est d’Almeria. La Garde civile espagnole a pu secourir et transférer au port 29 passagers, tous sains et saufs, indique l’agence de presse EFE. Les secours ont demandé aux navires qui circulent dans la zone d’être « extrêmement vigilants » et de « collaborer aux recherches ».
Ces patrouilles s’ajoutent à celles déjà opérées après les naufrages, dans la nuit de dimanche à lundi, de deux autres embarcations dans la même zone, au large de Cabo de Gata. Une dizaine de personnes sont toujours portées disparues, dont une jeune fille de 17 ans qui faisait route avec sa mère, d’après la Croix-Rouge.
Quelques heures après l’alerte, trois corps ont été récupérés. Un hélicoptère de sauvetage a, par ailleurs, porté secours à trois hommes, transférés ensuite à l’hôpital de Torrecárdenas. Un navire des garde-côtes espagnols a pris en charge, lui, 13 autres personnes – 12 hommes et une femme – pour les amener au port.
Selon les rescapés, 17 personnes voyageaient dans l’une des « pateras » [embarcation de fortune, en espagnol], et 12 dans l’autre, soit 29 exilés au total. L’alerte avait été donnée dans la nuit, à 1h46, par un navire marchand. L’équipage avait entendu des cris de personnes tombées à l’eau, affirme EFE.
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Les 16 exilés secourus ont été pris en charge par la Croix-Rouge qui a déployé une cellule psychologique, « pour alléger la souffrance des survivants » face « à cette situation traumatisante ». Ces personnes « ont vu comment leurs proches, père, mère, frère, sont tombés à l’eau et n’en sont pas ressortis ».
Après quelques heures d’interruption, les recherches reprendront à l’arrivée, mardi soir, d’un nouveau navire de secours. « Pour le moment, il y a peu d’espoir » de retrouver les disparus, a déclaré le coordinateur de l’organisation, Francisco Vicente.
« Je le pleure tous les jours »
Depuis cet été, les traversées de la Méditerranée depuis les côtes algériennes en direction de l’Espagne sont nombreuses. Et malgré l’hiver et la dégradation des conditions de navigation, elles ne tarissent pas. Du 30 décembre au 3 janvier, la Croix-Rouge a pris en charge, dans ses locaux d’Almeria, 312 migrants, dont des femmes et des enfants, arrivés par bateaux. Plus de la moitié d’entre eux sont arrivés en seulement 24 heures, entre le 31 décembre et le 1er janvier.
Reste que beaucoup d’embarcations sombrent en mer sans même que leurs occupants ne soient retrouvés. Ryad n’a jamais eu de nouvelles de son frère depuis son départ de Tipaza, à l’ouest d’Alger, le 21 août dernier. « Je le pleure tous les jours », confie-t-il à InfoMigrants.
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Une détresse partagée aujourd’hui par Nada, dans l’attente d’un signe de sa sœur et de son neveu, partis d’Oran le 31 décembre. Seul Omar, 14 ans, le plus grand des deux enfants, a pour l’instant été retrouvé. « Il est resté accroché de 2 heures du matin à 9 heures sur un bidon d’essence vide, dans l’eau », raconte sa tante. Actuellement à l’hôpital d’Oran – le navire marchand qui l’a sauvé l’a remis aux autorités algériennes – le jeune garçon se souvient avoir chaviré après qu’une grosse vague s’est abattue sur le bateau. Il a ensuite vu sa mère partir à la recherche de son petit frère, Mohammed, 9 ans. Tous les deux ont disparu dans le brouillard de la nuit..
Cette année, 39 157 personnes ont débarqué en Espagne par la mer, d’après le ministère espagnol de l’Intérieur. Si la majorité des exilés optent pour la route des Canaries, une autre partie – plus de 18 000 personnes tout de même – ont gagné le pays par les côtes andalouses et les îles Baléares. D’après l’ONG espagnol Cipimd, 270 personnes au total auraient disparu sur cette route, entre le 1er janvier et le 30 septembre 2021.
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Source: https://www.infomigrants.net