Huit personnes d’origine algérienne, dont deux femmes, sont décédées après le naufrage de leur embarcation. Le bateau avait disparu le 7 mai dernier. Dépêchée sur le lieu du drame, à près de 100 km au large d’Almeria, l’armée espagnole a pu secourir trois survivants. Ils ont été transférés à l’hôpital, pour y soigner des brûlures.
Ils pensaient rallier la côte sud espagnole en seulement quelques heures. Huit personnes d’origine algérienne, dont deux femmes, sont mortes dans le naufrage de leur bateau dont la localisation avait été perdue le 7 mai dernier. « Les corps des passagers qui ont succombé à l’accident, tombés à l’eau, n’ont pas encore été récupérés », affirme Francisco Jose Clemente Martin, fondateur de l’ONG espagnole Heroes del Mar, à InfoMigrants.
D’après Francisco Jose Clemente Martin, « les départs pour l’Espagne se sont multipliés ces dernières semaines ». Dimanche 15 mai, un bateau a débarqué sur une plage d’Alicante avec 16 personnes, toutes algériennes. Elles avaient quitté le pays depuis la côte de Tipazza. « Tout le monde est en bonne santé », assure Heroes del Mar sur sa page Facebook. Le 11 mai, la Garde civile espagnole a porté secours, du côté des îles Baléares cette fois, à 19 exilés, répartis dans deux embarcations. Plusieurs d’entre eux, blessés lors de la traversée, ont été emmenés à l’hôpital.
La veille, huit Algériens, dont cinq mineurs, avaient été secourus au large de l’archipel, et amenés au port d’Ibiza. Ce même jour encore, les garde-côtes d’Almeria ont sauvé « in extremis » un bateau avec 15 personnes à bord, dont deux femmes syriennes. D’après les rescapés, ils ont dérivé depuis plusieurs en mer jours avant d’être secourus.
« Délit de sortie illégale »
Si le phénomène de la « harga » [migration, en français] est ancien en Algérie, il connait depuis l’année dernière une forte recrudescence. Plusieurs fois par semaine au printemps et en été, de petits groupes de personnes – dont des femmes et des enfants – prennent place à bord de bateaux à moteurs, direction la côte andalouse ou les îles Baléares. Poussés par une situation économique morose et l’absence de perspectives, ces candidats à l’exil prennent la mer depuis les villes de Mostaganem, Tipazza, Bourmerdès ou Oran. D’après le journal Liberté, « lorsque la météo est clémente, le nombre de glisseurs qui circulent [sur le littoral oranais], non loin du large, est impressionnant ».

Pour contrer les départs, le gouvernement mise sur la répression. Depuis 2009, le « délit de sortie illégale » du territoire est interdit par l’article 175 bis du Code pénal. Celui-ci prévoit une peine de deux à six mois de prison ainsi qu’une amende de 20 000 à 60 000 dinars d’amende pour les Algériens et les étrangers résidents qui tenteraient de quitter le territoire sans passeport ou visa.
Les interceptions en mer sont aussi plus nombreuses. Durant ces opérations dites « de sauvetage », d’après de nombreux témoignages, « les garde-côtes font usage de violences physiques et verbales », affirme Farida Souiah dans l’article Les autorités algériennes face aux “brûleurs” de frontières, publié par le CNRS.
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Dernière initiative en date, la construction de murs en béton le long des plages oranaises, pour bloquer leurs accès aux potentiels exilés, tentés par la traversée de la Méditerranée. Face au profond désespoir qui pousse des milliers de personnes chaque année à entreprendre ce dangereux passage, difficile de savoir si ce « mur de la honte » – tel qu’il est qualifié sur les réseaux sociaux – saura les en dissuader. Selon les autorités espagnoles, près de 10 000 Algériens au total sont entrés clandestinement sur le territoire en 2021, soit 20 % de plus qu’il y a un an.