France : le gouvernement va créer 5 900 places d’hébergement pour les demandeurs d’asile
Le budget 2023 du gouvernement français prévoit la création de 5 900 places d’hébergement pour les réfugiés et les demandeurs d’asile. Il ambitionne, dans le même temps, d’ouvrir de nouvelles places dans les centres de rétention administrative (CRA).
Plus d’hébergements pour les demandeurs d’asile l’année prochaine ? C’est en tout cas la volonté affichée par le gouvernement français dans son budget 2023. Dans ce cadre, Bercy prévoit de créer 5 900 places supplémentaires pour les réfugiés et les personnes qui ont déposé une demande de protection internationale. Ces hébergements seront disponibles « dans différents centres d’accueil et d’hébergement d’urgence », selon le projet de loi de finances (PLF) dévoilé lundi 26 septembre.
Voici ce que prévoit dans le détail le PLF : « plus de 1 000 places » seront ouvertes pour les réfugiés en « centres provisoires d’hébergement (CPH) ». « En outre, 900 places seront créées dans le dispositif d’hébergement d’urgence (HUDA) en Outre-mer, 1 500 places en centres d’accueil et d’examen des situations (CAES) et 2 500 places en centres d’accueil pour demandeur d’asile (CADA) en attente d’une décision de l’Ofpra », l’organisme chargé d’attribuer le statut de réfugié ou de protection subsidiaire.
En 2022, 900 places d’hébergement supplémentaires avaient été créées. Depuis 2017, ce sont « près de 30 000 places d’hébergement » qui ont été libérées « en faveur des demandeurs d’asile et des réfugiés », précise le gouvernement.
Ces hébergements seront financés par une hausse globale de 6% de l’enveloppe « immigration, asile et intégration » l’an prochain. Près de 113 millions d’euros s’ajouteront donc au portefeuille dédié, qui s’élèvera au total à 2,01 milliards d’euros.
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Malgré l’ouverture de nouvelles places chaque année, beaucoup de demandeurs d’asile trouvent portes closes à leur arrivée en France. Dans les rues du nord de Paris, nombre d’entre eux errent à la recherche d’un toit, en toute saison. La zone n’a plus de secret pour Asrar Rahimi. Au gré des expulsions, cet Afghan de 25 ans s’est déplacé ces derniers mois sur, ici, un coin de trottoir, là, un bout de terrain laissé à l’abandon. « Il ne restait plus de place d’hébergement pour moi », avait-il dit à InfoMigrants, déçu et lassé après un an à la rue. « J’ai passé sept mois à côté de Delphine Seyrig [zone située dans le 19ème arrondissement au nord de la capitale, ndlr] dans une tente, entre autres endroits. Maintenant je dors où je peux, un peu partout, sous les ponts, quelque part vers le canal Saint-Denis… »
« Accroissement de la sécurité »
Si le gouvernement s’engage, sur le papier, à héberger davantage de demandeurs d’asile et réfugiés, le PLF compte, dans le même temps, poursuivre son « plan ambitieux d’ouverture de places en centres de rétention administrative (CRA) ».
Et ce, alors même que les conditions de vie actuelles dans ces structures sont régulièrement dénoncées. Période de rétention à rallonge, nourriture insuffisante, conditions matérielles vétustes et normes sanitaires peu respectées : un rapport de la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGPL) publié le 2 juin y déplore un enfermement « inhumain ».
Mais en lieu et place « d’une réfection des locaux permettant d’assurer a minima un accueil digne des personnes retenues », les investissements immobiliers s’orientent prioritairement « vers un accroissement de la sécurité, qu’aucune donnée objective ne semble justifier – les incidents sont peu nombreux », déplorait aussi le document de la CGPL.
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Des conditions de détention très difficiles constatées par InfoMigrants mi-septembre 2022, dans le CRA de Paris-Vincennes. Bien qu’une unité médicale, plus couramment appelée infirmerie, y fonctionne 20 heures sur 24, les exilés souffrent de leur enfermement. « Je deviens malade dans ma tête », avait glissé A., au milieu du petit hall qui donne sur le couloir des chambres, dans le CRA 1. « J’ai demandé à voir un psychologue, mais il n’y a personne ici. »
Source: https://www.infomigrants.net