Une cinquantaine de demandeurs d’asile ont été secourus près de l’île de Céphalonie samedi, après une journée d’attente et des tentatives de pourparlers infructueuses des garde-côtes grecs.
Un groupe de 56 demandeurs d’asile a été secouru samedi à la nuit tombée près de l’île de Céphalonie après une longue journée d’attente. Leur embarcation se serait trouvée en difficulté, en prise avec des vents forts, mais les passagers auraient refusé dans un premier temps d’être secourus par les garde-côtes grecs.
« Tout au long de la journée, les migrants ont affirmé par radio qu’ils n’accepteraient aucune aide des bateaux proches ni des autorités grecques », ont indiqué ces derniers dans un communiqué. Selon cette même source, citée par l’agence Reuters, ils auraient eu peur d’être renvoyés illégalement.
Un signal de détresse avait été identifié le jour même dans la mer Ionienne par l’initiative Alarm phone, concernant une embarcation comprenant 40 à 50 personnes, faisant état d’une opération de sauvetage impliquant trois bateaux.
Alors que les conditions météorologiques s’aggravaient, les passagers, dont la nationalité n’a pas encore été communiquée, ont finalement accepté le secours d’un pétrolier battant pavillon singapourien. Ils ont ensuite été mis à l’abri au port d’Igoumenitsa à quelques deux-cents kilomètres au nord de Céphalonie. Des recherches en mer se sont poursuivies pour retrouver d’autres éventuels demandeurs d’asile.
De possibles candidats à la « route calabraise »
En plus des embarcations en provenance d’Afrique du Nord et de celles se hasardant toujours en Grèce par la mer Egée, les migrants sont de plus en plus nombreux à entreprendre la longue et périlleuse traversée via la route dite « calabraise » pour rejoindre le sol européen. Elle les mène en sept jours de navigation des côtes turques en Calabre, dans le sud de l’Italie, en contournant la Grèce.
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Au 10 août dernier, ils étaient plus de 7 000 à y avoir débarqué, contre 9 700 sur l’ensemble de l’année 2021 et 2 500 en 2020. Fin août, un bateau chargé de plus de 450 migrants, originaires du Soudan, d’Égypte et de Syrie selon la presse italienne, avait également accosté en Calabre.
Ce trajet reste néanmoins moins surveillé par les organisations non gouvernementales, y estimer les naufrages reste donc compliqué.
Les autorités grecques sous pression
Au total, près de 1 500 personnes ont été officiellement secourues par les garde-côtes dans les eaux territoriales grecques depuis le début de l’année. Des organisations de défense des droits de l’Homme estiment quant à elles que des centaines d’autres exilés ont été illégalement repoussés sans même avoir pu déposer de demande d’asile, ce que démentent les autorités grecques.
Le pays a par ailleurs comptabilisé 10 000 arrivées depuis cette année, soit déjà 2 000 de plus que l’année passée, selon le ministre grec des Migrations, Notis Mitarachi. Dénonçant en conférence de presse une pression à ses frontières, ce dernier a déploré lundi 26 septembre « le manque de volonté » de ses partenaires européens dans la relocalisation des migrants qui entrent dans l’Union Européenne.
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Avec l’Espagne, l’Italie, Malte et Chypre, le pays fait partie des premiers territoires d’arrivée des migrants arrivant dans le sud de l’Europe qui pourraient en comptabiliser 160 000 cette année, toujours selon le ministre. « Il est décevant de constater que seules 1 017 places de relocalisation sont offertes par les autres pays membres », a-t-il souligné. Et de fustiger le « manque d’implication de la majorité des pays membres » pour participer au mécanisme volontaire de relocalisation des pays de première entrée dans l’UE vers d’autres pays européens.
Des ONG critiquent de leur côté les nouvelles procédures d’asile informatisées en Grèce.
Source : https://www.infomigrants.net